Oh ! alors, je vais bien les faire rire, ces nouveaux Athéniens !
Détrompe-toi, ils t’ont dépassé de beaucoup, et ne te demanderont que ta sagesse, qui est de tous les temps.
En quel temps sommes-nous donc, selon toi ?
À plus de vingt-deux siècles du jour où tu crois vivre.
Est-ce à dire que la postérité conserve la fraîcheur de ma gloire ?
Non pas sans restriction, mais autant que tu le mérites.
Et que venons-nous faire en ce lieu, qui a quelque ressemblance avec un théâtre ?
Tu vas assister à ta représentation de quelques parties de ta dernière pièce.
De mon Plulus ? Toutes mes pièces ne sont-elles pas excellentes d’un bout à l’autre ?
Je suis trop poli pour te contredire ; mais la liberté de ton langage et de tes tableaux ne serait pas soufferte ici.
Les hommes sont donc devenus vertueux ?
Oui, relativement aux mœurs antiques.
Grâce à mes satires, je le parie !
Tes satires y ont contribué.
Mais si l’on a fait des changemens dans ma pièce, on a donc mis quelque autre fiction à la place ?
Une courte fiction amoureuse des plus simples.
Je m’oppose à cela. L’amour n’est pas du ressort de la comédie !
La comédie ne peut plus s’en passer.
Allons ! rien ne doit étonner le sage ; mais quel audacieux s’est permis ?…