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UNE
FAMILLE PURITAINE
ROMAN AMERICAIN.

The Pearl of Orr’s Island, a story of the coast of Maine (2e partie), by mistress Harriet Beecher-Stowe ; Boston et Londres, 1861-62.

Un des points sur lesquels Horace insiste avec le plus de force, dans les conseils qu’il donne aux écrivains, est la nécessité d’embrasser une œuvre dans son ensemble avant de s’occuper des détails. C’est à ce prix seulement qu’un auteur peut atteindre cette harmonie du tout et des parties qui est une des conditions du beau. Le cadre une fois trouvé et déterminé, il semble que ce qui doit le remplir arrive tout naturellement sous la plume et prenne comme de soi sa véritable place. Ce n’est point impunément au contraire que l’on essaie d’échapper au labeur de cet enfantement. Voyez les œuvres d’imagination qui ont eu, dans ces vingt dernières années, le succès le plus retentissant. Ni la fécondité d’invention, ni la verve, ni l’esprit, ni le talent de peindre, ni le don des larmes n’ont manqué aux écrivains contemporains; néanmoins leurs ouvrages les mieux réussis supportent difficilement d’être lus autrement qu’ils paraissent, c’est-à-dire au jour le jour. Le livre fermé, l’impression qui domine est celle de quelque chose d’incohérent et de décousu, d’un corps mal attaché, dont les membres inégaux ne se conviennent pas. Si les auteurs nous faisaient leurs confidences, plus d’un confesserait que tel livre dont il vient d’écrire la dernière page était tout autre dans sa pensée au moment où il écrivait la première, que