Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/759

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porteur du câble, arriva à Alger le 9 septembre 1860, et commença l’immersion le lendemain. A 200 kilomètres de la côte d’Afrique, une boucle se forma dans la cale et s’engagea entre les freins; quelques instans après, on reconnut que la communication était interrompue. Il fallut donc relever le câble, opération longue et pénible, dans une profondeur de 2,600 mètres, puis supprimer la partie défectueuse et faire une soudure. Sans autre incident, on continua l’opération jusqu’au large des Baléares, où l’on stoppa un instant pour mouiller une bouée, ainsi qu’il avait été convenu. Le temps s’était maintenu beau jusqu’à ce moment; mais le lendemain, alors qu’on n’était plus qu’à 80 kilomètres de la France et qu’on espérait déjà un succès complet, une tempête survint; le câble, fatigué par le tangage, se rompit à l’arrière du bâtiment, et le William-Cory dut se réfugier, non sans avarie, dans le port de Marseille.

Au même moment, le gouvernement espagnol venait de faire poser quatre câbles qui reliaient les îles Baléares entre elles et avec le continent de deux côtés différens (Valence à Iviza et Barcelone à Mahon). Le câble d’Algérie put être repêché au large des Baléares et amené à Mahon. Une communication provisoire entre l’Algérie et la France fut établie d’Alger à Mahon par la ligne française, et de Mahon à Barcelone par la ligne espagnole. Il n’y avait de perdu que la partie immergée au nord des îles. On conclut aussitôt une convention supplémentaire pour l’achèvement de la ligne, et dès le mois de novembre de la même année l’opération recommençait à partir de Toulon; elle fut interrompue dès le second jour par un abordage entre le William-Cory et la corvette d’escorte le Gomer. Le William-Cory, tout désemparé, eut peine à regagner Toulon; 160 kilomètres de câble furent encore perdus. Toutefois l’administration française ne se décourageait pas et tenait au contraire à terminer l’entreprise qu’elle avait commencée. Le 31 août 1861, le Berwick arrivait à Mahon avec un nouveau câble. Le tracé de la ligne avait été un peu modifié : à la suite de nouveaux sondages, il avait été reconnu que le parcours de Mahon à Port-Vendres, plus court d’ailleurs de 7 à kilomètres que celui de Mahon à Toulon, avait en outre l’avantage capital de profondeurs moindres, parce qu’on se rapprochait promptement des côtes d’Espagne. L’immersion se fit sans incident notable, sauf un relèvement pour supprimer une portion défectueuse. Ensuite le Berwick se rendit à Minorque pour supprimer les atterrissemens provisoires de cette île, souder les deux bouts du câble et les jeter à la mer. Le 20 septembre, les signaux passaient directement d’Alger à Port-Vendres.

Depuis cette époque, ce conducteur est resté en bon état, et tout