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LA
TÉLÉGRAPHIE OCÉANIQUE

I. Annales télégraphiques, Paris 1858-1862. — II. Elémens de télégraphie sous-marine, par M. Delamarche, Paris 1858. — III. Report of the committee appointed to inquire into the construction of submarine telegraph cables, presented to both houses of parliament by command, London 1861.

On a dit, il y a longtemps déjà, que, de tous les agens physiques mis par la science au service de l’humanité, l’électricité est le plus docile. Le vent fait sombrer la barque qu’il devrait conduire au port; le feu consume quelquefois au lieu de réchauffer; la vapeur, plus terrible encore, brise ses chaudières, et l’homme tremble en sa présence, comme le magicien devant le fantôme qu’il a évoqué. A part la foudre, que Franklin nous apprit à dompter, l’électricité nous étonne, mais ne nous effraie pas; elle semble plutôt impuissante qu’indisciplinée. Dans la médecine, dans les arts, même dans la télégraphie, la plus merveilleuse de ses applications, elle ne tient pas encore toutes les promesses que l’on avait faites en son nom.

Lorsqu’en 1851 une communication continue et régulière fut établie entre Douvres et Calais, il parut que la télégraphie, après avoir sillonné les continens, ne s’arrêterait pas aux rivages de la mer. L’Angleterre, plus intéressée que toute autre nation à voir ce vaste problème enfin résolu, imagina les projets les plus aventureux. Traverser la Méditerranée, franchir l’Atlantique, joindre Suez à Bombay, tout fut proposé, essayé, entrepris. On ne parlait de rien moins que d’encercler le globe et de faire communiquer l’Europe avec San-Francisco par l’intermédiaire de Calcutta et de Pékin. Malheureu-