Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/675

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sandal ou santal (santalum album), qui est en même temps un des plus odorans que l’on connaisse. Il exhale un parfum, dû à la présence de l’huile volatile qu’il renferme, qui ressemble à la fois à ceux du citron, du musc et de la rose, et qui lui vaut d’être employé en Chine comme encens dans les temples de Bouddha. Extrêmement recherché à cause de cette précieuse qualité, le santal commence à devenir rare dans l’Inde et dans le royaume de Siam, d’où on le tirait presque exclusivement jusqu’ici ; mais on vient de le retrouver en assez grande abondance dans quelques îles de l’Océan-Pacifique, notamment aux Sandwich et dans la Nouvelle-Calédonie. Les chefs insulaires s’en réservent personnellement l’exploitation, car les indigènes eux-mêmes en font grand cas et s’en servent pour parfumer l’huile de coco, dont ils s’enduisent le corps et les cheveux. C’est le cœur de l’arbre qui produit le bois jaune et odorant qu’on livre au commerce en bûches de 1 à 2 mètres de long sur 10 ou 15 centimètres d’équarrissage. On estime à vingt-cinq le nombre des navires annuellement équipés à Sydney pour aller récolter dans ces îles le bois de santal, qu’ils achètent aux chefs indigènes en échange d’armes, d’instrumens de fer, de tissus de calicot, etc. La plus grande partie est consommée en Chine, où il se vend de 50 à 75 francs les 100 kilogrammes. Depuis quelques années, les progrès de l’insurrection ont un peu ralenti ce commerce.

Les collections de l’Inde et de Ceylan renfermaient aussi des échantillons de teck (tectonia grandis). Le teck passe pour être le meilleur de tous les bois de marine, et pour ce motif fait l’objet d’un immense commerce avec l’Angleterre. Peut-être s’étonnera-t-on de nous voir insister de préférence sur les bois propres aux constructions navales. Il semble en effet qu’après les événemens récens qui viennent de démontrer l’impuissance des bâtimens en bois dans une lutte contre des bâtimens en fer, il faille renoncer absolument aux premiers et opérer le plus tôt possible la transformation complète de tout le matériel flottant. Bien que le Monitor et le Merrimac fussent tout en fer, il n’est pas probable cependant que le bois soit jamais abandonné dans les constructions navales, car les bâtimens cuirassés eux-mêmes en réclament pour la charpente et la muraille intérieure. D’ailleurs, ainsi que l’a parfaitement montré M. Xavier Raymond[1], ces sortes de navires sont tellement coûteux qu’ils resteront l’apanage de quelques-unes des plus grandes puissances, et que celles-ci elles-mêmes seront forcées d’en limiter le nombre à leurs ressources. Il ne faut pas non plus négliger une considération importante : c’est que tous ces

  1. Voyez dans la Revue (1er  et 15 juin, 1er  et 15 juillet 1862) les Marines comparées de France et d’Angleterre.