commerce et de l’agriculture. Jusqu’à présent ces efforts sont restés à peu près infructueux de ce côté, non que les objets d’échange manquent entre le Canada et son ancienne métropole, car si le premier a ses bois, celle-ci a ses vins, ses eaux-de-vie, ses étoffes et, proh pudor ! son tabac, qui trouveraient de nombreux amateurs sur les places de Montréal ou de Québec ; mais ce qui a empêché jusqu’ici un commerce régulier de s’établir, c’est l’élévation du fret, occasionné en partie par les droits différentiels dont étaient grevées les marchandises importées par navires étrangers. La nouvelle politique commerciale de la France va sans doute avoir pour résultat de changer cette situation au grand avantage des deux pays.
Si l’exposition du Canada nous a fait connaître les productions ligneuses des contrées tempérées du continent américain, celle de la Guyane nous montrait la végétation des pays équatoriaux, et ne présentait pas un moindre intérêt que la première. Il s’agit ici de la Guyane anglaise, bien autrement importante que la colonie française du même nom. Tandis que celle-ci, à peine peuplée de 20,000 âmes, ne rappelle que le triste souvenir de nos discordes civiles, la Guyane anglaise au contraire a 155,000 habitans et exporte annuellement pour 50 millions de marchandises. Elle n’est pas comme la nôtre un lieu d’expiation où l’exilé meurt les yeux tournés vers la patrie lointaine, elle est elle-même une patrie dont la prospérité dépend non de la métropole, mais de l’énergie individuelle de ceux qui l’habitent. Écoutez plutôt les belles paroles que le gouverneur, l’honorable M. Walker, adressait à ses concitoyens en inaugurant à Georgetown l’exposition des produits coloniaux qui devaient être envoyés à Londres. « Vous tous, dit-il dans son discours d’ouverture, dont le sort est de vivre dans ce pays, ayez toujours en vue l’accroissement de sa richesse et de sa prospérité. Que chacun fasse son possible pour arriver à ce résultat, et que personne ne dise : Je ne peux pas ! Personne en effet n’est assez dénué de talent qu’il ne puisse ajouter quelque chose au capital moral ou matériel de la société. Chez celui qui ne fait rien, c’est la volonté qui manque, et non le pouvoir. Nous ignorons quelles peuvent être nos destinées dans ce monde ou dans l’autre ; mais, qui que nous soyons, c’est un devoir pour nous de faire tous nos efforts pour augmenter le bien-être de tous. » — Quels mâles conseils ! quel respect de la liberté individuelle ! Eriger en devoir pour chacun l’accroissement de la richesse publique, n’est-ce point là tout le secret de l’aptitude de la race anglo-saxonne à dompter la nature ?
La Guyane anglaise, située entre la république vénézuélienne, le Brésil et la Guyane hollandaise, a une superficie d’environ 20 millions d’hectares. Autrefois à la Hollande, elle a été conquise par