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I.

Les expositions des bois d’Europe n’étaient pas accompagnées de renseignemens sur les prix et les qualités de ces bois non plus que sur la puissance productive des différens pays. Tout le monde connaît les principales essences de nos contrées et les usages auxquels elles sont propres. Sous ce rapport, les échantillons plus ou moins nombreux, plus ou moins volumineux, envoyés par quelques exposans français, portugais, espagnols ou suédois, ne pouvaient pas nous apprendre grand’chose. Le point essentiel pour les produits de cette nature, c’est de savoir le parti qu’on peut en tirer et les prix auxquels on peut les obtenir. Ces renseignemens faisant défaut, il ne restait plus qu’une collection de morceaux de bois rangés en ordre, mais sans intérêt pour le public, sans utilité pour les hommes spéciaux. Il ne faudrait pas s’imaginer que, parce qu’un pays a exposé des échantillons de tous les bois qu’il possède sans y joindre d’autre indication qu’une étiquette constatant l’identité, il ait par cela même fait connaître les ressources qu’il peut offrir. Cela peut suffire pour les objets dont la fabrication au jour le jour est subordonnée à la demande, car alors on sait qu’on pourra toujours se procurer quand on le voudra les produits conformes aux spécimens exposés. Pour les produits ligneux, il n’en est pas de même à cause du temps qu’il leur faut pour acquérir les qualités qui les rendent propres aux divers usages. On aura beau grouper ensemble les plus beaux échantillons du monde : si l’on n’a pas soin d’indiquer en même temps et l’étendue des forêts et l’importance de la production annuelle de chacune d’elles, on aura peut-être ajouté à l’exposition un élément pittoresque de plus, mais on n’aura en réalité obtenu aucun résultat utile. Ainsi, à voir au palais de Kensington les collections envoyées par l’Espagne ou le Portugal, on se serait volontiers imaginé que ces pays sont couverts de forêts, et qu’on peut y trouver à