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en Angleterre entre Manchester et Londres, ou entre Glasgow et Londres, ne sont pas sensiblement au-dessus de ceux que réclament les compagnies françaises pour une vitesse infiniment moindre, si même ils ne sont inférieurs pour certaines catégories d’articles communs manufacturés.

Il conviendrait aussi de rendre plus facile au commerce le redressement des griefs qu’il peut avoir contre les compagnies de chemins de fer. Il ne faut pas que les frais et les embarras d’un procès soient tels que le commerce, alors qu’il se croit lésé, ait lieu de courber la tête et de se taire. Les particuliers peuvent quelque chose à cet effet en formant dans chaque ville importante un syndicat contentieux, tel que celui qui s’est établi à Reims. Il est indispensable en outre que le législateur et l’administration déterminent un mode d’introduire les instances judiciaires plus simple et plus prompt que ce qui existe aujourd’hui. Dès personnes qui ont étudié la matière ont proposé à cet égard des moyens conformes à l’équité, qui sembleraient devoir être efficaces. Dans le cas où la marchandise qui donne lieu à la contestation aurait voyage sur le réseau de plusieurs compagnies, on autoriserait le commerce à actionner à son choix la compagnie qui a fait la livraison ou celle qui a primitivement reçu le colis, sans avoir rien à démêler avec les autres. Il faudrait aussi rendre plus effective la pénalité en cas de retard.

Les compagnies de chemins de fer ont plus à gagner qu’à perdre aux réformes sollicitées ici. Leur premier intérêt est d’offrir au public un service qui le satisfasse, car, par ce moyen, leur clientèle doit aller toujours en augmentant. Les hommes éclairés qui sont à la tête de l’administration des compagnies ne peuvent tarder à le reconnaître : ils sont trop intelligens pour fermer plus longtemps les yeux à l’évidence.

La célérité du transport des personnes peut aussi exercer une heureuse influence sur les affaires. À ce point de vue, il y a lieu d’exiger des compagnies que sur les lignes les plus fréquentées il y ait des trains express marchant à la vitesse de ceux de l’Angleterre, soit d’environ 60 kilomètres par heure, temps d’arrêt compris.

Institutions de crédit. — Le crédit est la vie des manufactures et du commerce, et pour l’agriculture c’est un admirable soutien. Un peuple chez lequel les institutions de crédit sont peu développées subit par cela même un grand désavantage par rapport à ceux qui en sont mieux dotés. Dans cette voie, il a été beaucoup fait en France depuis 1848 : d’utiles et puissantes institutions de crédit ont été établies et fonctionnent sur une grande échelle ; mais il reste à faire encore, si nous voulons que nos manufacturiers et nos commerçans soient dans une situation de parité avec leurs émules de l’autre côté