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d’importance à ces démarcations de partis, humiliantes pour une nation qui veut être indépendante, et qui empruntent leurs noms à des influences étrangères. Il serait pitoyable que des candidats ail pouvoir fussent agréés ou repoussés suivant qu’on les classerait arbitrairement dans de prétendus partis français ou anglais. La combinaison qui nous paraîtrait préférable dans un remaniement ministériel serait celle qui sous la présidence honorifique et neutre en quelque sorte d’une illustration militaire, du général La Marmora par exemple, réunirait les hommes d’élite parmi lesquels M. de Cavour avait choisi ses collaborateurs et désigné ses successeurs, sans exclure M. Rattazzi. Nous parlons du général La Marmora, car nous craignons que l’opinion libérale n’ait été dans ces derniers temps injuste envers lui, et nous sommes certains qu’il veut Rome avec autant de conviction et de fermeté que les plus ardens patriotes.

Nous ne demandons pas mieux que d’avoir bon espoir des destinées de la révolution grecque. Nous sommes frappés de l’explosion de sentimens patriotiques que cette révolution a produite chez les négocians grecs répandus dans les divers centres commerciaux de l’Europe. Chose curieuse, voilà la première révolution, à notre connaissance, qui ait fait monter les fonds du pays où elle s’est accomplie. C’est ce qui est arrivé pour les fonds grecs à Londres, où la communauté grecque occupe une place importante. Cette classe pratique des négocians réunit partout des souscriptions pour fournir des ressources au nouveau gouvernement. Un patriotisme qui se manifeste par des démonstrations aussi positives ne saurait être confondu avec la foi qui n’agit point. On doit espérer aussi que le gouvernement auquel il prodigue de tels témoignages de sympathie ne commettra point de folies, et ne cherchera pas à troubler l’Europe en mettant l’Orient en feu. Dieu fasse, et nous y comptons, que tout le travail que la Grèce régénérée donnera aux chancelleries européennes se borne au choix d’un nouveau roi, choix difficile d’ailleurs, mais à propos duquel il serait bien ridicule que les grands cabinets en vinssent sérieusement aux mains ! Après tout, pourquoi les Grecs, qui n’ont pas l’heur ou le malheur de posséder dans leur sein une dynastie historique, s’obstineraient-ils à demander un roi ? Les grenouilles seront-elles éternellement incorrigibles ?

L’aversion des habitans d’Anvers pour leurs fortifications excite en ce moment un léger trouble dans l’heureuse et riche Belgique et s’est exhalée en scènes fâcheuses à la suite d’une ferme et digne réponse du roi à une députation de la cité mécontente. Nous avons déjà expliqué les regrettables raisons qui ont contraint la Belgique à prouver, par la fortification sérieuse d’Anvers, le prix qu’elle attache à la conservation de sa nationalité. Il est malheureux que la population d’ailleurs très honnête d’Anvers n’ait pas voulu comprendre cette nécessité et le compte que le gouvernement belge a tenu des justes convenances des habitans dans le tracé des fortifications nouvelles ; mais il serait plus déplorable que cet incident fût l’origine d’une scission sérieuse du parti libéral belge. Si les Anversois sont