concordats et de ses compositions constantes avec les pouvoirs absolus. On n’évitera pas cette question ; on la retrouvera sans cesse dans le jeu naturel de notre vie publique intérieure. On la rencontrera notamment dans nos prochaines réunions électorales. Qu’il y ait jusque-là un temps d’arrêt naturel dans la marche diplomatique de la question romaine, on le comprend : on s’en inquiète médiocrement lorsque, comme nous, on fait profession de croire que la décision des questions de cet ordre n’appartient de droit qu’à la volonté nationale ; mais la France n’est pas seule à attendre la solution de la question romaine, bien qu’il dépende de sa seule résolution de mettre un terme à son intervention à Rome, et de laisser ainsi s’écrouler le dernier débris de la théocratie. En maintenant notre occupation de Rome, nous faisons échec à la consolidation, à l’organisation du royaume d’Italie. Par la logique des faits, la situation particulière que nous créons à l’Italie devra influer un jour sur le parti que nous aurons à prendre. Ce jour n’est pas arrivé encore, si l’on en juge par la réponse de M. Drouyn de Lhuys à la circulaire du général Durando. Une analyse de cette réponse a été publiée par un journal français. L’on ne saurait juger de la portée vraie de ce document d’après une simple analyse, car, pour avoir le sens complet des pièces diplomatiques, il faut pouvoir en peser et en mesurer tous les termes. En somme, il semble que notre ministre se borne à ne point accepter les propositions du général Durando comme point de départ d’une négociation actuelle ; comme d’ailleurs son argumentation a un caractère rétrospectif et se fonde sur les réserves que le gouvernement français a toujours exprimées en faveur du pouvoir pontifical, on pourrait croire que la note de la France affirme seulement la conservation du statu quo et ne se prononce pas d’une façon absolue sur l’avenir. Les Italiens, savans en interprétations optimistes, habitués à espérer contre toutes les vraisemblances, ont l’air d’expliquer de la sorte la réponse de M. Drouyn de Lhuys et de s’en accommoder. Peu importe au surplus. On nous promet pour la réunion du parlement italien, qui aura lieu dans quelques jours, une collection de pièces diplomatiques où nous pourrons suivre avec une pleine intelligence les négociations relatives à la question romaine. Si quelques-uns des hommes éminens du parlement italien croient opportun de parler de haut à l’Europe sur la situation et les aspirations nécessaires de leur patrie, ce blue-book leur fournira un texte abondant., Quant à nous, nous serions fâchés que la préoccupation de la question ministérielle empêchât le parlement italien de nous donner une de ces expositions, un de ces programmes par lesquels, grâce au système représentatif, un peuple révèle aux autres nations la portée de sa pensée et l’étendue de ses ressources morales. Le ministère actuel, il est vrai, n’est point le cabinet qui convient à un grand pays dans une crise solennelle, et nous ne sommes pas surpris que les Italiens s’inquiètent de porter à la tête de leur gouvernement des esprits mieux assurés et des mains plus fermes. Nous déplorerions que, dans la reconstruction du cabinet, l’on attachât trop
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