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des exploitations sur le transport du minerai, et il n’est plus permis de s’étonner de ce mode primitif et coûteux en présence des luttes qui ont empêché de le remplacer par le transport mécanique. On retrouve les funestes effets de la division dans toutes les manipulations du minerai. Celle qui précède immédiatement le transport, c’est le grillage. Le grillage a pour but de modifier la composition chimique du minerai, de faciliter la séparation de la gangue quartzeuse et de le rendre plus traitable à la fusion. Il est grillé au bois dans des fours en forme de cônes tronqués et renversés, construits à l’entrée principale de chaque exploitation. La situation des fours a de nombreux inconvéniens : les débris des fours supérieurs, les gangues rejetées par le cassage et le triage, s’amoncellent sur les pentes, y forment des avalanches de gravier qui s’écroulent sur les fours inférieurs, et descendent souvent jusqu’au pli de la montagne, où sont déposés les tas de minerai trié. L’opération est alors à refaire sur nouveaux frais.

Les fours n’ont pas été établis sans motif à la sortie de chaque exploitation : il fallait se hâter de diminuer le poids du minerai pour éviter les frais de transport. C’est pour le même motif qu’il est soumis à un premier triage aussitôt qu’il est détaché de la roche. On le brise à coups de masse, et on rejette les débris dans les cavités de la fosse. Ce dépouillement, fait dans des conditions difficiles, n’est jamais bien complet, et parmi ces débris accumulés depuis ; des siècles dans les vides immenses de la montagne il est resté des parties utiles qui donneraient encore des bénéfices à une exploitation mieux dirigée. Il suffirait pour cela de pratiquer une galerie en ligne droite allant chercher le dédale des anciens travaux. Indépendamment des débris à reprendre, elle trouverait des champs nouveaux à exploiter.

L’observation des règles de l’art des mines a été de tout temps fort négligée, comme on le pense, dans la conduite de ces exploitations. À la rigueur elles pouvaient s’en passer, n’ayant besoin ni de puits d’aération et de sortie, ni de galeries d’écoulement des eaux. La nature a pourvu libéralement à toute installation coûteuse par des fentes et des déchirures qui laissent pénétrer l’air et filtrer les eaux. Le mineur travaillant dans les galeries les plus rapprochées de la surface est obligé de protéger sa lampe contre le vent qui s’engouffre dans les fentes. Le drainage naturel lui permet de creuser en contre-bas de la galerie à une grande profondeur ; il descend, sans être incommodé par les eaux, dans ces abîmes, qui sont ensuite comblés avec les matériaux inutiles extraits de la galerie poursuivie dans une autre direction. Le roc lui-même se laisse entamer facilement, et l’ouvrier sur filon détache par jour 560 kilogrammes de