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ses frais. Cette baisse de prix aura-t-elle lieu ? Sur ce point, voici ce que nous pouvons dire : le kilogramme d’aluminium, lorsque M. Henri Sainte-Claire Deville venait de l’obtenir, était fort cher ; il valait 3,000 francs le kilogramme ; le prix aujourd’hui peut être estimé à 80 francs. Ce serait moins, si l’on en avait à faire une grande quantité.

Parmi les progrès que l’industrie a dus à la chimie dans ces dernières années, il en est qui se rapportent à l’hygiène publique, ou qui soustraient les ouvriers à des dangers jusqu’alors inhérens à l’exercice de quelque branche d’industrie. Ainsi l’argenture des glaces substituée à l’étamage met les ouvriers à l’abri des accidens si nombreux qu’entraînait nécessairement après quelque temps le contact du mercure. C’est une idée d’un grand chimiste allemand, M. Liebig, mise en œuvre par un Français, M. Petit-Jean, et l’exploitation s’en fait, à Paris, chez M. Brossette. La découverte de M. Gaupillat, qui a rendu possible la fabrication des capsules fulminantes pour armes à feu, sans danger d’explosion, est un bonheur pour les personnes qui se livrent à cette industrie, car rien de plus violent et de plus épouvantable que la détonation des fulminates, dès qu’il y en a une certaine quantité. On en a eu la preuve sinistre dans l’attentat qui fit frémir le monde civilisé en janvier 1858. Le fond de ce perfectionnement est simple ; il consiste surtout en ce qu’on est parvenu à travailler le fulminate humide.

Une autre découverte déjà un peu ancienne, car elle remonte à plus d’un demi-siècle, celle du blanc de zinc substitué à la céruse pour la peinture en bâtiment, figure à l’exposition sous une forme rajeunie. On sait que le contact de la céruse donne aux peintres la colique de plomb, empoisonnement caractérisé, et que rien de pareil ne se présente avec l’oxyde de zinc. On apprécie de plus en plus la peinture au blanc de zinc. L’usage s’en est un peu répandu dans ces dernières années, et les ouvriers, qui avaient fait mauvais accueil à l’innovation destinée à leur sauver la santé et la vie, commencent à la bénir. Récemment cette substance a reçu une application intéressante, où elle remplace de même la céruse : c’est pour la glaçure des cartes de visite : les cartes glacées à la céruse ont déterminé des cas d’empoisonnemens assez nombreux. C’est à la fois aux arts chimiques et à la mécanique qu’il convient de rapporter une amélioration du même genre, destinée à préserver le public des coliques de plomb qu’a causées, dans plus d’une circonstance, l’emploi de tuyaux de plomb pour les conduites d’eau. M. Ch. Sébille, de Nantes, réussit très bien à étamer, c’est-à-dire à recouvrir intérieurement d’une couche mince d’étain les tuyaux de plomb destinés à cet usage par un procédé ingénieux et économique.

Une autre découverte récente, et chimique incontestablement, est