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à l’imitation de cette industrie romaine qu’ils connaissaient de longue main par leurs anciennes relations avec l’empire d’Orient. D’ailleurs, souvent en guerre avec les tribus Scandinaves moins avancées en civilisation, ils avaient dû soutenir des luttes dont leurs armes portaient encore les traces, et, dans cette vie inquiète d’un peuple conquérant mal affermi, ils avaient pu être réduits à des migrations temporaires au retour desquelles ils avaient espéré retrouver les dépôts cachés par eux au sein de la terre. — En tout cas, la présence d’une influence romaine si visible jusqu’aux extrémités septentrionales du Jutland et dans l’île de Fionie était un fait entièrement nouveau. Un autre résultat de ces découvertes était la présence du fer en Danemark pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne ; elle autorisait les antiquaires du Nord à reculer jusqu’à ces époques lointaines la fin de l’âge de bronze dans l’ancienne civilisation Scandinave.

Les découvertes de Brarup et de Nydam ayant été faites dans le duché de Slesvig, près de Flensbourg, c’est dans cette dernière ville que se trouve aujourd’hui le musée naissant, mais déjà fort précieux, qu’elles ont suffi à former. On l’a confié aux soins de M. Engelhardt, qui a dirigé lui-même les fouilles de Brarup ; il a classé et longtemps étudié les nombreux objets dont sa collection se compose ; il en achève en ce moment un catalogue raisonné qui contiendra ses calculs et ses conjectures, et dont il fera assurément un des plus curieux livres de la nouvelle école archéologique du Nord. Les objets trouvés dans la tourbière d’Allesoe, au nombre de deux mille environ, sont conservés au musée des antiquités Scandinaves, à Copenhague.

Nous avons signalé, comme premier résultat des nouvelles investigations archéologiques tentées en Danemark, l’ensemble des observations de M. Steenstrup sur les kioekken-moeddinger. Un second résultat, grâce aux découvertes provenant des tourbières, a été la connaissance de l’influence exercée dans une époque si reculée par l’industrie romaine sur l’industrie, indigène ou non, du Danemark. Il nous reste à signaler un troisième progrès en exposant les efforts de M. Worsaae pour distinguer nettement des époques particulières dans chacun des trois âges que les archéologues du Nord ont institués. Ce sont les découvertes précédentes qui lui ont suggéré ses inductions.

Pour ce qui concerne l’âge de pierre, M. Worsaae a été frappé de la différence qui existe entre les silex simplement équarris qu’on trouve dans les kioekken-moeddinger et les silex artistement polis qu’on rencontre dans les tombeaux de l’âge de pierre. Il à de plus remarqué qu’un grand nombre d’instrumens et d’armes en pierre étaient garnis d’ornemens qui n’avaient pu être exécutés qu’à l’aide