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retrouvent pas non plus dans ce pays, enfin la martre et la loutre ont servi à la nourriture des tribus primitives. La question de savoir si elles ont eu quelque animal domestique a été ingénieusement discutée par M. Steenstrup, qui, de l’examen des os rongés subsistant dans ces débris et de la comparaison avec les résultats fournis par de curieuses expériences, a conclu à la présence du chien domestique, dont la chair a dû même servir à l’alimentation de ces peuples. — D’ailleurs aucune trace de sépulture humaine ni de cannibalisme, aucun vestige de débris humains.

Quant aux instrument trouvés dans les kioekken-moeddinger, ce sont des couteaux en silex grossièrement façonnés, mais fort tran-chans, et des cailloux taillés d’une manière informe. Quelques-uns présentent des angles redoutables, et ont dû servir de projectiles pour la chasse ; on les lançait de la main ou avec la fronde. M. Steenstrup possède dans son musée des ossemens de cerfs trouvés dans les kioekken-moeddinger, et qui portent encore de petits éclats de silex provenant sans aucun doute du projectile dont s’est servi le chasseur.

Les observations de M. Forchhammer ont porté principalement sur la flore des anciens décombres. On n’y a retrouvé ni blé carbonisé ni aucune trace de céréale quelconque. M. Forchhammer a seulement cru pouvoir démontrer que la population primitive savait fabriquer le sel par l’incinération de l’algue marine. Quant à M. Worsaae, il a tiré de l’examen de ces débris, combiné avec celui des découvertes nouvelles dont nous allons parler tout à l’heure, des conjectures d’un ordre différent, dont la mention doit trouver plus loin sa place.

À la suite de tant d’ingénieuses recherches et en témoignage de tant de résultats, le Musée des antiquités du Nord et le Musée zoologique de l’université de Copenhague se sont enrichis d’un nombre immense de pièces recueillies dans les kioekken-moeddinger, et la première de ces deux galeries montre aujourd’hui au visiteur étonné toute une paroi de ces immenses débris qui a été apportée et qui est exposée dans son état naturel. Il suffit du reste au voyageur d’aller à quelques kilomètres de la capitale, à Frederikssund, pour visiter un de ces gisemens et pouvoir, avec un peu de persévérance et de bonheur, tirer lui-même de la couche où ils ont reposé pendant trente siècles peut-être les instrumens et les débris d’une civilisation primitive.

Comme les kioekken-moeddinger, les tourbières ont fourni récemment aux archéologues du Danemark un grand nombre d’informations nouvelles ; mais ici les résultats ont été fort inattendus ; les fouilles ont jeté une vive lumière sur les rapports des anciens peuples Scandinaves avec la civilisation classique ; elles ont donné les