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dans quel sens? Nous nous posons ces questions comme tout le monde, et comme tout le monde nous sommes dans l’attente. Que si le gouvernement, avant de prendre un engagement irrévocable dans un moment surtout où le mandat du corps législatif est si près d’expirer, veut consulter le pays et s’appuyer sur une manifestation toute fraîche de l’assentiment populaire, nous ne l’en blâmerons pas. Nous le blâmerions seulement si, ajournant la solution de la question de Rome après les élections générales, il ajournait d’un autre côté les élections après la dernière session du corps législatif. Nous regarderions comme funeste et ne pouvant profiter à personne cette prolongation insupportable de l’incertitude présente. Supposez que les élections soient renvoyées à l’année prochaine, et que la session de 1863 commence sans que la question romaine ait été résolue : qu’attendra-t-on de cette dernière session du corps législatif? On sait qu’une chambre qui touche à la fin de son mandat perd beaucoup de son activité et de son efficacité. Ses membres ne sont plus occupés que des intérêts de leur réélection. Dans la présente hypothèse, la prochaine discussion de l’adresse ne serait guère qu’un champ de bataille électoral. C’est la lutte des élections qui s’y engagerait à propos de la question romaine entre des groupes d’opinion qu’il n’est plus permis de considérer comme la représentation exacte des sentimens actuels du pays. La discussion de l’adresse serait, dans de mauvaises conditions, ce que les Anglais appellent une campagne de hustings, et les Américains une campagne de plateforme. Après ce débat, il en faudrait toujours venir aux élections; pourquoi, si l’on voulait subordonner la solution de la question romaine à un appel préalable adressé au pays, ne pas recourir aux élections tout de suite? La logique nous conduit donc, à propos de l’issue des délibérations gouvernementales qu’on nous annonce, à l’une de ces deux conclusions : ou nous verrons bientôt le gouvernement faire un pas décisif dans la question romaine, ou, si la question romaine était ajournée, il faudrait que les élections générales eussent lieu avant la fin de cette année. De toute façon, il y a nombre de superstitieux qui depuis quelque temps ont introduit dans la politique Mathieu Laensberg, et qui, l’œil sur leur almanach, font remarquer que la saison dans laquelle nous allons entrer est celle des coups de théâtre politiques. Nous ignorons si le phénomène se reproduira cette année à la satisfaction des chercheurs de comètes; mais ce que nous savons bien, c’est que l’occasion et les motifs d’un coup de théâtre politique ne font pas défaut à l’automne de 1862.

L’intérêt des affaires intérieures pâlit dans une crise qui est elle-même la plus grande de nos questions extérieures comme la plus difficile de nos questions intérieures. Depuis la session si peu accidentée de nos conseils-généraux, les questions intérieures chôment d’ailleurs en France. A propos des conseils-généraux, ils ont soulevé cette année si peu de questions générales d’une importance politique, que nous nous reprochons une omission à l’égard du conseil-général de l’Hérault, qui a fait cependant exception à la