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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1862.


Si quelques-uns, importunés de la confusion et du long trouble des affaires d’Italie, avaient pu se figurer que la question romaine cesserait bientôt d’être la plus urgente préoccupation et le plus grand souci de la France lassée, une telle illusion ne saurait tenir devant l’importante publication faite par le Moniteur la semaine dernière. Nous ne nous étions pas attendus, pour notre part, à voir si tôt confirmées par des documens officiels de cette gravité les considérations que nous présentions, il y a quinze jours, et sur la nécessité d’une prompte et radicale solution de la question romaine, et sur les effets des perplexités bien naturelles de l’empereur.

Le gouvernement vient de nous mettre au courant de la dernière phase diplomatique de la question romaine. Cet acte curieux de la comédie italienne contemporaine s’est passé entre le 20 mai, date de la lettre de l’empereur à M. Thouvenel, et le 24 juin, date de la réponse de M. de Lavalette à la dépêche de notre ministre des affaires étrangères. Cela peut s’appeler l’effort suprême ou la dernière formalité de la conciliation impuissante. « Il ne s’agit plus, écrivions-nous naguère, dans le parti qu’il faut prendre aujourd’hui, de témoigner d’un attachement abstrait à la révolution ou d’une sympathie générale pour l’église catholique, attachement et sympathie qui, dans la région des abstractions et des généralités, se peuvent accorder sans peine : il s’agit au contraire de se prononcer directement pour l’une et directement contre l’autre. Il faut dire : Je ne veux pas que l’Italie se constitue dans l’unité, parce que je veux que les papes demeurent souverains de Rome en vertu d’une légitimité qui nie les droits des peuples; ou bien il faut dire : Je veux que l’Italie existe dans la forme qu’elle a choisie, et je veux pour cela que la papauté n’ait plus de royaume en ce monde. » La lettre de l’empereur nous montre que le 20 mai la pensée du souverain n’abordait point cette rigoureuse conséquence et demeurait encore dans la région de la conciliation abstraite, générale, théorique, où