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religion, qu’ils n’eussent fait en vertu d’articles quelconques accordés par le traité de mariage fait avec l’Espagne, ne voulant, pour cet effet, que sesdits sujets catholiques puissent être inquiétés en leurs personnes et biens pour faire profession de ladite religion et vivre en catholiques, pourvu toutefois qu’ils en usent modestement et rendent l’obéissance que de bons et vrais sujets doivent à leur roi, qui, par sa bonté, ne les astreindra à aucun serment contraire à leur religion. »

Quelques difficultés s’élevèrent encore à Londres sur cette rédaction ample et vague, qui promettait beaucoup aux catholiques anglais et qui en même temps les astreignait, envers leur roi protestant, à une obéissance dont la limite restait aussi vague que celle des promesses royales. Les conseillers du roi Jacques demandèrent quelques changemens de termes dont Buckingham, pour en obtenir à Paris l’adoption, allégua l’insignifiance; on les accepta à Paris en en demandant à son tour quelques autres sur lesquels on n’insista point. On était, de part et d’autre, pressé d’arriver au terme. Le roi Jacques avait satisfait son orgueil royal; Richelieu avait assuré, avec son propre ascendant, la politique de la France; quant à la religion, on avait, par des paroles au fond peu efficaces, sauvé les apparences et couvert les responsabilités mutuelles ; des deux parts, on manifesta sa satisfaction. « Le roi me fit monter dans son carrosse, écrivit le marquis d’Effiat à Louis XIII[1], où je reçus de lui toutes les faveurs et honneurs qu’il se peut imaginer en la considération de votre majesté ; il me fit dîner avec lui dans sa chambre du lit, où il ne mange que lorsqu’il se veut réjouir avec familiarité. Il n’y avait que le prince et le duc, qui ne s’épargnaient pas à pleiger, ledit roi m’ayant fait l’honneur de m’attaquer deux ou trois fois, buvant à votre santé. La conclusion de cette fête me fit espérer que nous pourrions ajouter à l’article secret les deux clauses que votre majesté demande; mais il ne me fut possible de les pouvoir obtenir, ledit roi disant qu’il ne croyait point qu’il y ait rien au-dessus de sa parole royale, qui est solennellement couchée dans l’article qu’il me confirma parlant à moi-même, et que c’est lui faire trop d’injure que de croire qu’il y voulût manquer, comme il semble que les serment que l’on demande sur les Évangiles donnent lieu de douter... Toutes ces raisons, selon mon opinion, ne sont pas celles qui l’ont empêché. Je crois que le refus qu’en ont fait ceux de son conseil en est la seule cause, entre autres le marquis de Hamilton et le comte de Pembroke qui n’ont jamais voulu opiner dessus, comme le roi m’a dit lui-même; mais il ne désire pas que cela soit su, pour le

  1. Le 20 septembre 1624.