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culture du coton étouffée par les calamités de la guerre civile dans les contrées dont elle a fait si longtemps la fortune. Tels sont les grands courans qui entraînent le monde industriel. Matières premières et moyens de production, voilà en définitive où tendent principalement toutes les sollicitations, toutes les entreprises du travail contemporain. Or il suffit que les matières premières et les moyens de production soient ainsi devenus les points culminans de l’exposition de 1862 pour que le rôle des chemins de fer s’agrandisse. Les industries qui les touchent ne sont plus dès lors une simple section de la métallurgie et de la mécanique. Le point de vue économique domine la question. Entre la matière première et l’instrument qui la met en œuvre, le chemin de fer apparaît comme un puissant trait d’union. Ce sont peut-être les chemins de fer qui ont provoqué une partie de nos besoins ; mais à coup sûr ce sont eux seuls qui les pourront satisfaire.

Que demande d’ailleurs le public dans les expositions universelles ? Dans l’immense agglomération des produits du jour, ce que recherche l’œil curieux de l’esprit, ce sont des germes neufs et féconds ; ou plutôt, si on peut le dire, ce sont les produits du lendemain. Eh bien ! ces germes ignorés, ces produits du lendemain, où peut-on le mieux en concevoir une idée, où peut-on le mieux soulever un coin du voile qui les recouvre ? Ce n’est point dans la classe des objets manufacturés actuels, si brillans qu’ils soient, mais à peu près connus à l’avance. Dans les productions de cet ordre, on ne rencontre guère que les corollaires de principes déjà posés, non le point de départ de conséquences nouvelles. Il en est tout autrement pour les matières premières et les moyens de production dont les chemins de fer opèrent le rapprochement. C’est bien ici la sphère mystérieuse où peut se rencontrer cet inconnu si propre à la fois à stimuler l’énergie de l’homme et à provoquer sa curiosité. On le reconnaît davantage à mesure qu’on étudie de plus près, dans le palais de Kensington, les manifestations qui correspondent au mouvement des voies ferrées.

On peut ramener à trois groupes les industries concernant les chemins de fer dans les bâtimens de l’exposition : d’une part le groupe des locomotives, d’autre part celui des véhicules servant soit aux personnes, soit aux marchandises, en troisième lieu le groupe des divers objets ayant trait à la construction ou à l’exploitation. Commençons notre examen par les locomotives.

C’est un appareil à la fois bien complexe et bien simple qu’une locomotive : bien complexe, si on veut l’analyser à fond, en homme du métier ; bien simple, si l’on s’en tient aux lignes essentielles, qui intéressent seules la généralité des lecteurs. La locomotive d’abord