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PUBLICATIONS MUSICALES DE L’ALLEMAGNE[1]. — Il faut le dire bien haut, l’Allemagne est la terre classique des pieux souvenirs, le pays où l’on cultive avec le plus d’amour le culte des grands maîtres qu’elle a enfantés. A Vienne, Munich, Prague, Dresde, Berlin, à Leipzig surtout, on exécute non-seulement les œuvres capitales de Bach, d’Haydn, Mozart, Beethoven, Spohr, Mendelssohn, mais on écrit leur vie et l’on commente tout ce qu’ils ont produit avec un soin admirable. Il n’existe nulle part un livre plus intéressant que la Vie de Mozart du professeur Jahn, publiée il y a quelques années par la maison Breitkopf et Haërtel de Leipzig. Cette même maison a mis en vente, depuis un an, une édition admirable de l’œuvre de Beethoven. Cette édition modèle, la plus complète qui ait jamais existé, puisqu’elle renferme des compositions tout à fait inconnues jusqu’ici, sera un digne monument élevé au sublime symphoniste. Il en a déjà paru quatorze livraisons, qu’on peut se procurer à Paris, et que je recommande à tous les vrais amateurs de la grande musique. Les mêmes éditeurs viennent de publier un Catalogue chronologique et thématique de l’Œuvre de Mozart, accompagné de notes et d’éclaircissemens par le docteur Louis Ritter de Koëchel. C’est un grand volume de cinq cent-cinquante pages, précédé d’une préface où l’auteur, M. de Koëchel, explique le but de son travail et indique les sources de ses renseignemens sur la date et le lieu où Mozart a composé chacune de ses productions, en sorte qu’en consultant ce volume, qui est très bien imprimé, on sait que le premier morceau qu’ait produit Mozart enfant, c’est un petit trio en menuet pour clavier, écrit en 1761 à Salzbourg, et qu’il a terminé sa courte et glorieuse vie par le fameux Requiem dont l’histoire est tout un roman. On n’ignore pas que Mozart n’a pas eu le temps d’achever cette composition sublime, dont plusieurs morceaux ont été faits par Süssemayer, élève et ami du maître. Je ne saurais trop louer l’ouvrage de M. de Koëchel, qui me parait être un véritable chef-d’œuvre d’exactitude et d’érudition.


P. SCUDO.


Le jugement que nous avons porté sur la conduite de don Juan Ruiz de Apodaca, comte du Venadito, avant-dernier vice-roi d’Espagne au Mexique, dans une récente étude sur le Mexique[2], a soulevé quelques observations auxquelles nous croyons devoir répondre. C’est le petit-fils du vice-roi, don Gabriel y Ruiz de Apodaca, qui a pris la peine de nous écrire de Séville. Nous croyons que, dans sa légitime jalousie pour l’honneur du nom qu’il porte, don Gabriel y Ruiz de Apodaca s’est exagéré la portée qu’avaient nos critiques. Nous n’avons pas manqué en effet de rendre justice au caractère conciliant et humain que don Juan de Apodaca, son père, sut imprimer à son administration, qui a présenté en cela un contraste frappant avec celle de son prédécesseur. Il fit tous ses efforts pour arrêter l’effusion du sang, calmer les esprits et ranimer le travail. Il y réussit à un degré marqué. Sous son administration, l’exploitation des mines, qui est la

  1. Œuvre de Beethoven et Catalogue de l’œuvre de Mozart, publiés à Leipzig, 1862.
  2. Revue des Deux Mondes du 1er avril 1862.