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LE
ROI GEORGE DE PODIEBRAD
EPISODE DE L'HISTOIRE DE BOHÊME

I.
L'ELECTION DU ROI GEORGE.

Les révolutions du monde moderne offrent de singulières analogies à travers toutes les différences qui les séparent. Après les premières violences de la lutte, quand la mort a fauché sur la scène les principaux acteurs, on voit apparaître presque toujours une seconde génération de héros, ou du moins de chefs énergiques, de régulateurs puissans, à qui échoit la mission de consolider la société nouvelle et de consacrer les changemens accomplis. Calvin, parlant de ceux qui l’avaient précédé dans la révolution religieuse, dit que cette matière avant lui « a été démenée confusément, sans nul ordre de droit, et par une ardeur impétueuse plutôt que par une modération et gravité judiciaire. » Dans les révolutions politiques comme dans les révolutions religieuses, il y a toute une famille d’hommes qui peut tenir le même langage. Après nos guerres civiles du XVIe siècle, on voit se lever Henri IV ; aux puritains de Cromwell succède Guillaume d’Orange, aux colons de Boston et de New-York le général Washington. Voilà des noms bien différens, voilà des chefs qui accusent des dispositions toutes contraires chez les peuples qui les ont acceptés ou subis ; il y a pourtant un lien qui les rapproche, et, si opposés qu’ils soient les uns aux autres, ils attestent cette même loi historique : après les révolutions démenées confusément, si ces