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de fer, ayant Bahia pour terminus remonte également vers le San-Francisco pour prendre sa part des produits que la province de Minas-Geraës expédie par ce fleuve. Rio-Janeiro, plus favorisée, possède déjà plusieurs lignes qui traversent la Serra-dos-Orgaoës, pénètrent dans la vallée populeuse du Parahyba et servent d’avenues commerciales aux riches districts de Cantagallo, d’Ouro-Preto, de Barbacena. Enfin la province de Saõ-Paulo est dotée, du moins en espérance, d’un chemin de fer qui doit réunir le port de Santos à la ville de Jundiahy et mettre ainsi en rapport avec l’Atlantique les régions jadis peu accessibles qu’arrosent les affluens du Paranà. En outre on a mis à l’étude plusieurs autres lignes ferrées qui auront toutes pour résultat de rapprocher de la mer les districts que le relief du sol en sépare encore aujourd’hui. Pour allécher les capitaux, le congrès offre, conjointement avec les législatures des provinces que doivent traverser les nouvelles artères, une garantie de revenu de 7 pour 100 par an. L’avidité des planteurs, qui, non contens de s’enrichir par le voisinage des voies ferrées, se font encore payer leurs terres à des prix très élevés, a souvent retardé la marche des travaux; mais elle n’a jamais pu les arrêter. Malgré de nombreux obstacles, ces œuvres se poursuivent et s’achèveront graduellement. Si l’empire brésilien est encore bien éloigné d’avoir son réseau, même en projet, il commence du moins à posséder des points d’attache importans autour desquels rayonneront plus tard toutes les voies ferrées. Grâce aux bateaux à vapeur, elles continueront sur le Nouveau-Monde cette grande ligne européenne, non encore terminée, qui vient aboutir à Lisbonne, et promet de restituer à cette cité commerciale son antique importance.

Seule, la république du Chili devance l’empire brésilien par les progrès matériels et la civilisation extérieure ; mais on doit avouer qu’elle ne jouit pas encore d’une tranquillité politique aussi profonde. Ce n’est pas que le Brésil n’ait eu aussi sa part de convulsions politiques pendant les quarante années qui se sont écoulées depuis sa déclaration d’indépendance. Pernambuco inaugura les troubles en proclamant en 1824 la confédération de l’Equateur. Ensuite vint la guerre civile, qui se termina en 1828 par l’abandon définitif de l’estuaire de la Plata et la reconnaissance de la république de l’Uruguay. Apaisée dans le sud, la guerre recommence à l’autre extrémité de l’empire, et la terrible et longtemps victorieuse révolte des cabaneiros éclate dans les provinces du nord et sur les bords de l’Amazone; puis les habitans du Rio-Grande-do-Sul se révoltent à leur tour en 1831 et forment une république indépendante, qui ne fut réduite définitivement qu’après douze années de lutte. En 1838, les nègres et les mulâtres s’emparent de Bahia, organisent un gouvernement régulier, et ne rendent la ville qu’après avoir soutenu un