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faire une impulsion nouvelle et favorable : le pape Paul V et le roi Philippe III moururent, l’un le 28 janvier, l’autre le 31 mars 1621. Paul V avait hautement manifesté son antipathie pour le mariage anglais et ses exigences indéfinies pour la dispense qu’on lui demandait. Philippe III s’était montré de plus en plus incertain, excepté dans sa résolution de ne rien faire sans le consentement du pape. On se promettait de leurs successeurs, Grégoire XV et Philippe IV, des dispositions à Rome moins obstinées, à Madrid plus actives. Au premier moment, les faits parurent confirmer les conjectures : Philippe IV fit annoncer à Londres son intention de presser l’envoi de la dispense ; le frère Diego de la Fuente écrivit de Rome que « le nouveau saint-père avait nommé le cardinal Ludovisi, son neveu, pour traiter du mariage avec les quatre autres prélats désignés à cet effet, et qu’au sujet de la dispense l’opinion contraire du feu pape n’était pas considérée comme un grand empêchement à ce que maintenant on l’accordât. »

À ces nouvelles, le roi Jacques redoubla de confiance et d’ardeur. Lord Digby, renvoyé sur-le-champ à Madrid pour complimenter le nouveau roi sur son avènement, lui porta, de la part du roi d’Angleterre et du prince de Galles, des lettres non-seulement de félicitation, mais de vive sollicitation pour qu’il accomplît enfin entre les deux couronnes l’œuvre d’alliance que le roi son père avait commencée. Jacques écrivit en même temps à don Balthazar de Zuniga, précepteur du jeune roi et oncle du comte d’Olivarez, premier ministre en perspective, pour le presser d’employer son influence en faveur du mariage. Il ne borna pas à Madrid ses efforts; quoiqu’il eût toujours dit qu’il n’avait point à traiter lui-même avec la cour de Rome, et que c’était au roi d’Espagne à lever de ce côté les obstacles, il envoya au pape un négociateur secret, George Gage, chargé de lui donner les plus fortes assurances du bon vouloir royal, et de presser la dispense matrimoniale en en débattant les conditions. Des mesures favorables aux catholiques furent prises immédiatement, en Angleterre même, comme preuve de la sincérité du roi et gage de ce qu’il ferait à l’avenir : la plupart de ceux qui étaient en prison furent mis en liberté, les ecclésiastiques anglicans eurent ordre, non-seulement de s’abstenir, dans leur prédication, de toute parole violente contre les papistes et les puritains, mais aussi de ne point traiter les questions dogmatiques qui étaient entre les diverses communions chrétiennes un sujet d’ardente controverse. L’archevêque de Cantorbéry reçut l’instruction de veiller à l’observation de ces défenses, et comme elles rencontraient, dans le clergé et le peuple, une forte opposition, le garde des sceaux, John Williams, évêque de Lincoln, se chargea de les expliquer. « Au moment, dit-il, où le roi intervenait avec instance, auprès des souverains du conti-