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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 juin 1862.

Obligés, par la discussion du corps législatif, de nous occuper de l’affaire mexicaine, nous sommes heureux du moins de pouvoir rentrer dans ce débat sous une meilleure impression : nous sommes rassurés sur la situation de notre petite armée par les favorables nouvelles que nous apporte le dernier paquebot. Depuis le regrettable accident de Guadalupe, la plus grave des préoccupations excitées par l’expédition du Mexique ne s’attachait plus au caractère et à la portée politique de l’expédition. On s’inquiétait avant tout du sort de nos soldats et des embarras auxquels ils pouvaient être exposés. Nous sommes aujourd’hui édifiés sur ce point. Nous savons que nos troupes pourront attendre dans une position excellente, tant que durera la saison des pluies, les renforts qui leur arriveront successivement de France, et qui leur permettront de reprendre l’offensive au commencement de l’automne. C’est pour nous un grand soulagement de cœur d’avoir ainsi la certitude que nos soldats n’auront point à subir les pires conséquences des fautes politiques commises dans la conception et la conduite de cette entreprise. Ce bonheur ne nous permet pas seulement d’examiner avec plus de sang-froid le caractère politique de l’expédition du Mexique, il fait à l’opinion et au gouvernement une loi d’autant plus étroite de porter dans cet examen un esprit de sévère circonspection que ce n’est point à notre prudence que nous en avons été redevables.

Résumons d’abord les principales circonstances qui, d’après les dernières nouvelles, établissent la situation de la petite armée du général Lorencez. L’incertitude dans laquelle on vivait à cet égard depuis un mois nous a fait passer par de pénibles alternatives d’anxiété ou d’espoir. On voyait la troupe du général Lorencez coupée de sa base d’opérations, traversée dans ses approvisionnemens par des guérillas, submergée dans un soulèvement national. La récente arrivée de l’amiral Jurien de La Gravière à Paris avait