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ENCORE UN MOT
SUR
LA FRESQUE DE S. ONOFRIO

J’hésite à soumettre au lecteur les pages qui vont suivre. C’est une polémique du genre le plus technique et le moins attrayant, une vraie discussion d’état civil sur la paternité d’une œuvre de peinture. L’œuvre n’est guère connue que de quelques voyageurs; ni la gravure ni la photographie ne l’ont encore dignement reproduite. En parler, c’est donc, pour le public, faire de l’algèbre, ou peu s’en faut. Et cependant, si quelqu’un se rappelle qu’il y a douze ans, la Revue raconta qu’une grande et admirable fresque, oubliée depuis plus de trois siècles et comme enterrée sous la suie, venait d’être trouvée à Florence, dans l’ancien réfectoire d’un couvent[1], si l’exposé fidèle de cette découverte, des beautés de cette Sainte Cène, de la noble origine qui lui fut attribuée dès son apparition et des conflits qui s’ensuivirent n’est pas effacé déjà de toutes les mémoires, peut-être voudra-t-on savoir le complément de ce récit. Ce sont des notes de voyage. Depuis ces douze années, j’ai revu l’Italie et la fresque de S. Onofrio, je l’ai revue plus à mon aise et plus à fond; j’ai donc à ajouter quelques mots à ce qu’en a dit la Revue, ne fût-ce que pour signaler et l’état actuel de ce mystérieux chef-d’œuvre, et les controverses nouvelles dont il est devenu l’objet.

Ce n’était pas sans curiosité et presque sans émotion qu’à peine de retour à Florence j’étais allé, rue Faenza, frapper à la porte du

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1850.