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race d’Angus, l’absence des cornes constitue aux yeux de plusieurs personnes un mérite réel; mais, si cette famille convient pour la boucherie[1], elle est fort médiocre laitière, et l’absence des cornes la rend inadmissible dans les nombreuses contrées qui soumettent au joug les bœufs de travail. Les bêtes de Devon et les bêtes d’Hereford sont aussi d’un engraissement facile, et elles se prêtent bien au labour; mais elles laissent beaucoup à désirer comme laitières, quoique le lait des vaches devon renferme une remarquable proportion de beurre. C’est donc entre les animaux perfectionnés du comté d’Ayr et du comté, de Durham que doivent, en fin de cause, se décider la plupart des cultivateurs. On a dit des durham qu’elles étaient tout à la fois les plus précoces parmi les bêtes de boucherie et les meilleures laitières. On peut dire des ayr que, si leur lait et leur viande manquent un peu de qualité, ce sont du moins les bêtes de boucherie les plus précoces parmi les bonnes laitières. Ces motifs, qui les ont fait adopter déjà par une partie de l’Ecosse, les recommandent surtout aux contrées d’une fertilité médiocre dont la culture est en voie de progrès. Quant aux pays plus riches qui récoltent une grande quantité de fourrages excellens, ils devront évidemment préférer les durham. Toutefois on est peut-être aujourd’hui trop enclin à oublier les mérites sérieux de nos races indigènes, et l’administration elle-même semble, dans nos concours agricoles, disposée à faire aux durham et aux croisemens qui en dérivent une bien large part de faveurs. Pour que cette tendance reste salutaire, il faut qu’elle sache se maintenir dans une juste mesure.

Quoique possédant en général une santé plus robuste que nos autres animaux domestiques, les bêtes bovines ont aussi des maladies spéciales. On n’a point à déplorer en France, comme dans certaines parties de l’Europe orientale, ces affreuses épizooties de typhus qui détruisent parfois le bétail d’une contrée entière. Ce sont l’affection aphtheuse, vulgairement connue sous le nom de cocotte, et les maladies de poitrine qui, chez nous, sont le plus souvent à redouter. La cocotte n’est pas une maladie mortelle, mais elle prive le cultivateur du lait des vaches qui en sont atteintes, et elle lui cause, sous le rapport du travail et de l’engraissement des bœufs, de regrettables mécomptes. Quant à la pleuropneumonie contagieuse, depuis un certain nombre d’années, elle occasionne d’assez graves accidens dans les étables du nord de la France. Les vaches laitières soumises, dans un lieu humide et bas, à une stabulation constante, sont plus que d’autres sujettes à contracter le germe de cette terrible maladie.

  1. C’est un bœuf de cette race qui vient d’obtenir à Poissy les honneurs du concours international des animaux de boucherie.