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très surpris de voir l’autre jour que, dans une séance de la chambre des communes, le ministre de la guerre, sir G. Cornwal Lewis, ait affirmé de la manière la plus positive qu’il n’existait sur la terre aucune pièce capable de percer les plaques à 1,000 yards, c’est-à-dire à 900 mètres de distance. Non-seulement il y en a une, mais il y en a deux, car les pièces dont nous parlons sont de modèles différens, fournies qu’elles ont été l’une par l’artillerie de l’armée, l’autre par l’artillerie de la marine. Ce sont des faits de notoriété publique ; malheureusement nous ne savons rien de plus au sujet de ces armes redoutables.


II. — L’ARTILLERIE RAYEE.

Maintenant, après avoir accusé de pareils résultats, on comprendra que c’est désormais l’artillerie rayée qui doit seule nous occuper, et que, dans cette étude, c’est la part que la France et l’Angleterre peuvent s’attribuer dans les travaux d’où sont sorties les nouvelles machines de guerre qui doit surtout attirer notre attention. À cet égard, nous sommes mieux renseigné qu’au sujet des plaques. Malgré les précautions que tous les gouvernemens ont prises pour conserver le secret de leurs travaux, il n’a pas pu cependant ne pas transpirer beaucoup de choses sur les résultats auxquels on est arrivé dans les divers pays ; chacun aujourd’hui veut avoir son artillerie rayée, et chacun, tout en faisant de grands efforts pour tenir secrète la découverte qu’il croit avoir faite, ne peut pas s’empêcher de vanter quelque peu sa recette lorsqu’on annonce que des voisins ont obtenu tels ou tels résultats ; à ces résultats, on oppose les siens, et ce n’est pas seulement l’amour-propre qui pousse à le faire, c’est aussi le désir d’entretenir la confiance de ses soldats dans les armes qu’on leur fournit. Ces révélations ont déjà engendré bien des discussions qui ont contribué à éclairer le public. Ensuite il y a des gouvernemens, comme le gouvernement anglais par exemple, qui ont eu la main forcée jusqu’à un certain point, et qui ont été dans l’obligation de rendre quelque compte à leurs sujets de l’argent qu’on leur demandait pour renouveler le matériel des armées nationales. Enfin il y a des artilleries, comme la nôtre qui, s’étant déjà montrées avec un grand éclat en Kabylie, à Magenta, à Solferino, en Chine, en Cochinchine et ailleurs, sont nécessairement plus ou moins connues de l’étranger, qui ne s’est pas fait faute de les discuter.

Nous croyons que l’épreuve de la discussion ne nous a pas moins profité que celle du champ de bataille, et cela ne doit pas étonner. Quoique nous n’ayons inventé ni la poudre, ni les canons, l’artille-