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Les chantiers de M. Rovis ne furent pas les seuls que je visitai aux alentours de Massa, et je n’avais qu’à marcher au hasard hors de la ville pour y rencontrer d’anciennes excavations. Souvent les noms mêmes des localités, tels que Campo alle Cave ou le champ aux mines, Serra Bottini ou la montagne des puits, préviennent le promeneur. En ce dernier point, les anciennes ouvertures se rencontrent en si grand nombre, que souvent les déblais extraits des unes et des autres se mêlent à la surface. Le sol est percé comme une écumoire, et sur un plan que me montra le géomètre de ces mines les puits étaient si rapprochés, bien que le plan fût à une assez grande échelle, qu’ils imitaient par leurs groupes ces amas d’étoiles que l’on voit représentés sur les cartes du ciel.

À côté des anciennes mines de Massa, j’ai rencontré les mines des fonderies où l’on traitait les minerais. Le fer, le cuivre, le plomb et l’argent étaient extraits de la roche par la fusion, analysés par les essayeurs de la république et expédiés ensuite sur les différens marchés de la péninsule et de l’Europe. Les scories que j’ai retrouvées autour des fonderies, souvent en tas immenses, indiquent un traitement intelligent, car elles n’accusent plus que de très faibles traces des métaux traités. Quelques-uns des fours employés sont encore debout, et j’ai pu voir sur l’un d’eux l’ouverture par où passaient les soufflets. D’autres fois j’ai rencontré, encore presque intacts, les canaux qui amenaient l’eau à l’usine pour la mise en mouvement des roues hydrauliques et les différens besoins de la fonderie. La principale usine de Massa était située au pied de la montagne sur laquelle est bâtie la ville. Elle porte toujours le nom sous lequel elle est désignée dans la loi des mines, l’Arialla, et j’ai visité dans le voisinage les ruines d’un fort que la république avait fait édifier, sans doute pour mettre l’usine à l’abri d’un coup de main en ces temps de luttes orageuses.

Les traces des anciennes exploitations du moyen âge se retrouvent aux environs de Massa sur un rayon d’à peu près 25 kilomètres. Toutes les cités de second ordre soumises à cette petite république et quelquefois en guerre avec elle suivirent l’exemple de leur capitale. Les seigneurs de cette époque trouvaient du reste dans le travail des mines une source assurée d’impôts, de dîmes, en un mot le moyen de s’enrichir à peu de frais. Aussi l’ardeur fut-elle grande partout, et il serait trop long de faire connaître en détail un ensemble aussi imposant d’exploitations simultanées dont l’histoire n’offre peut-être pas d’autre exemple.

Tout autour du château de Pietra, j’explorais un jour quelques-uns de ces vieux travaux où le seigneur de l’endroit avait si bien fait ses affaires que le nom de Tesoretto est resté à la localité. Ce seigneur d’affreuse mémoire était Nello Pannocchieschi, le mari de