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parties de la tête avec les différentes saillies qui hérissent une vertèbre ordinaire.

L’analogie des vertèbres et des os du crâne établie, on étudia dans le même esprit les autres parties du squelette ; on ramena d’abord à la colonne vertébrale cette série d’os rangés au-devant de la poitrine qui constituent le sternum ; celui-ci serait formé de vertèbres incomplètement développées et unies à la colonne. vertébrale par les côtes. On vit que dans le crocodile le sternum se prolonge jusqu’au bas du ventre, et soutient des côtes abdominales dont les traces se retrouvent même dans l’homme. L’os hyoïde qui supporte la langue dans les vertébrés supérieurs, les branchies, dans les poissons, n’est qu’une pièce détachée du sternum et placée à la partie antérieure du cou. Un animal vertébré se composerait donc en réalité de deux colonnes vertébrales, l’une postérieure complète, l’antérieure complète également dans les crocodiles bornée à la poitrine dans les’ mammifères, nulle chez les serpens et les poissons où l’hyoïde est le seul os qui persiste. La mâchoire inférieure, organe de mouvement, est formée de deux côtes unies antérieurement ; les muscles qui la meuvent et les artères qui la nourrissent rappellent les muscles et les artères des côtes pectorales. Dans les articulés, les organes masticateurs appartiennent également à ceux du mouvement. Sur un homard, sur une écrevisse, chacun peut voir une série d’organes graduellement modifiés qui forment la transition des pattes aux mâchoires ; de là le nom de pattes-mâchoires qui leur a été donné.

Quelle est la nature morphologique des membres ? Tel est le point le plus obscur de l’anatomie philosophique. Les uns ont voulu retrouver une série de vertèbres dans les différentes articulations du bras et de la jambe, d’autres les ont assimilées aux côtes ; quelques-uns y voient un organe nouveau, et de même que dans les végétaux on distingue un axe, savoir : la racine avec la tige et des appendices tous formés de véritables feuilles ou de feuilles métamorphosées, de même l’animal peut se réduire à une colonne vertébrale, pourvue., d’appendices. La nageoire du poisson me paraît le type de cet appendice ; elle est composée de rayons, comme la main de l’homme, mais chez celui-ci et chez les autres mammifères la main est portée par un manche articulé mobile qui constitue le membre. Dans les poissons inférieurs, tels que les lamproies, et dans les serpens les membres disparaissent et l’animal se réduit réellement à une colonne vertébrale munie de côtes.

Le naturaliste philosophe peut s’élever à une conception encore plus générale. Ces os, ces parties dures uniquement étudiées jusqu’ici ont-elles toute l’importance qu’on leur a donnée ? Leur dureté, leur