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tête. Cet appareil respiratoire extérieur, ce système branchial apparaissant pour la première fois dans la série des vertébrés, est-il réellement nouveau ? Non ; c’est l’appareil hyoïde qui, dans les mammifères, les oiseaux et les reptiles, se rattache aux organes du goût et de la voix. Chez le poisson, il supporte les branchies, vulgairement appelées ouïes, à la surface desquelles l’air dissous dans l’eau se combine avec le sang. Ainsi chaque organe s’adapte aux fonctions les plus variées, sans que sa nature et ses connexions soient changées.


III. — CONSTANCE DES CONNEXIONS ET BALANCEMENT DES ORGANES.

Les animaux étant tous construits sur le même type, tous doivent présenter l’ensemble des parties essentielles et fondamentales de ce type. Deux autres conditions, corollaires logiques de la loi de symétrie, forcent tous les êtres créés à rentrer dans ce moulé géométrique. Ces deux autres conditions ou lois secondaires sont la constance des connexions et le balancement des organes. Quelles que soient les métamorphoses d’un appareil organique, ses connexions, ses rapports avec les parties voisines ne changent pas. Ainsi qu’un membre antérieur soit une main, un pied, une aile ou une nageoire, toujours il sera fixé à l’épaule, et les membres postérieurs seront également toujours attachés au bassin. Les exceptions ne sont qu’apparentes, et disparaissent devant une critique sérieuse. L’autre loi est celle du balancement des organes, formulée par Goethe en 1795 de la manière suivante : « Le total au budget général de la nature est invariablement fixé ; mais elle est libre d’affecter les sommes partielles à telle dépense qu’il lui plaît. Pour dépenser d’un côté, elle est forcée d’économiser de l’autre ; c’est pourquoi la nature ne peut ni s’endetter ni faire faillite. » Aussi, quand un organe se développe outre mesure, il faut que d’autres diminuent proportionnellement ou disparaissent tout à fait. Nous en verrons de nombreux exemples. Je les emprunterai d’abord au règne animal, car ils sont plus intelligibles et plus probans, pour deux raisons : la première, c’est que les fonctions sont plus variées, mieux accentuées que dans les végétaux ; la seconde, c’est que, faisant partie nous-mêmes du règne animal, nous comprenons mieux des fonctions analogues ou identiques à celles de notre propre organisme. Nous savons par nous-mêmes, sans en pouvoir douter, qu’il est des organes qui n’accomplissent aucune fonction, tandis qu’ils ont une importance capitale chez d’autres espèces animales.

Voici mes preuves : la femme porte sur la poitrine les deux mamelles destinées à nourrir l’enfant nouveau-né. Chez l’homme, les