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dans le Sérapéum, sont ornés de zigzags, de rayures, de ponctuations et autres dessins copiés d’après ceux des coquilles. Parmi les bijoux, un petit taureau d’or et d’émail, couché, les ailes étendues, et plusieurs autres symboles de la même vitrine sont des miracles d’émaillure et d’orfèvrerie, que nos plus habiles artistes non-seulement ne sauraient inventer, mais ne pourraient même reproduire. Après les vases égyptiens, les poteries tyrrhéniennes ou phéniciennes peuvent être regardées comme les plus anciennes et les plus curieuses. Les Phéniciens, peuple éminemment commerçant et navigateur, industrieux par-dessus tout, avaient emprunté aux Égyptiens non-seulement leur système alphabétique, mais encore l’architecture, la peinture, la géométrie, l’astronomie, la mécanique, et à peu près tous les secrets industriels. La céramique et la verrerie, la joaillerie, la fabrication des tissus et l’art de les teindre, furent les industries où ils excellèrent. Les fabriques et les manufactures de Tyr ne furent jamais dépassées par celles de la Grèce. Les Phéniciens faisaient le commerce des échanges, qui était d’autant plus lucratif que les peuples avec lesquels ils trafiquaient n’avaient affaire qu’à eux seuls. De là ce luxe qui produisit des artistes industriels de premier ordre, portant au loin leur habileté. À eux appartient l’honneur de la plupart des merveilles du temple de Salomon et de la ville de Jérusalem. Plus tard, la petite île de Samos, avec ses seules poteries, porta son commerce dans toutes les cités du monde ; elle couvrait les mers de ses navires, et sa richesse était immense ; ses marchands devinrent princes, comme ceux de Venise. Ces territoires restreints comptaient parmi les états les plus puissans. On a prétendu que la fabrication du verre et de l’émail n’avait été fort longtemps connue que des Phéniciens. En ce cas, les vases et les flacons de verre trouvés en Égypte, les statuettes, scarabées et autres objets recouverts d’émail, les faïences de Ninive et de Babylone, auraient été apportés et fabriqués par les commerçans. de la Phénicie. Cette supposition nous semble inadmissible, et il est beaucoup plus naturel de croire que si les procédés ont été très perfectionnés à Sidon et à Tyr, ils étaient déjà connus des civilisations antérieures. Pour la fabrication de leurs poteries fines, les Phéniciens avaient certainement découvert des matières premières qui ont amené dans cet art d’importantes améliorations. Le sable ou le nitrum amoncelé dans la partie méridionale de leur pays, près du fleuve Bélus, leur permit d’accomplir des merveilles. La verrerie phénicienne devint célèbre dans le monde entier, et les rares échantillons qu’on en trouve encore sont admirés à juste titre comme des objets d’art supérieurs ; ils dépassent de beaucoup ceux de Venise à la plus belle époque, autant par la forme et par les détails que