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LES
ARTS DECORATIFS
EN ORIENT ET EN FRANCE

SEVRES.

L’art céramique est assurément celui qui se prête aux usages et aux formes les plus variés, celui qui unit peut-être le plus légitimement et le plus étroitement la peinture à la sculpture. En exposer les progrès avec détail, ce serait presque suivre depuis les temps les plus reculés la marche de la civilisation. En effet, tous les arts ont emprunté les ressources et les ornemens de la céramique : l’architecture d’abord pour les briques des murs et des toits, les moulures et les ornemens des frises, les revêtemens émaillés des dômes, des planchers et des lambris. La sculpture vient ensuite, puis la verrerie et la métallurgie. L’origine de la céramique remonte ainsi logiquement à la naissance des premières sociétés humaines. Groupées pour la plupart au bord des grands fleuves, il leur fut aisé de découvrir dans le limon déposé par les eaux la matière malléable propre à recevoir la forme qu’on voulait lui donner et susceptible de conserver sous l’ardeur cuisante du soleil toute la solidité désirable. Dans les plus anciens tombeaux, on a trouvé des poteries remarquables de forme et de décoration. Le premier progrès qui dut suivre la fabrication de la poterie séchée au soleil, mais se délayant dans l’eau, fut la cuisson par le feu. Le second, le plus important, dont l’origine se perd de même dans la nuit des âges, est l’invention de la glaçure, c’est-à-dire l’application à la