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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai 1862.

Deux incidens, l’un qui nous touche directement, l’autre dont les conséquences eussent pu nous susciter de graves embarras, — la cessation de la coopération des Anglais et des Espagnols à l’expédition du Mexique, la tentative d’agression contre l’Autriche, rêvée par quelques Italiens exaltés, — ont depuis quinze jours excité en France une assez vive émotion.

Il est naturel de parler d’abord de l’affaire où nous sommes les principaux intéressés, l’affaire du Mexique. Les avis peuvent être partagés en principe sûr l’utilité ou les inconvéniens de l’expédition que nous avons entreprise contre le gouvernement actuel de Mexico. Ce qui s’est passé devrait, nous le croyons, mettre tout le monde d’accord sur un point : c’est qu’il importe qu’un grand pays comme la France ne puisse être lancé dans de telles aventures avant d’avoir pu se rendre compte, par une discussion publique préalable, de l’étendue des engagemens qu’il y peut contracter et des responsabilités qu’il y va encourir. Nous ne savons si le gouvernement jugera convenable de publier les documens officiels relatifs à la phase actuelle de la question mexicaine. Des documens semblables viennent d’être livrés à la publicité par le gouvernement anglais ; le cabinet espagnol a pris l’engagement de soumettre les pièces du débat aux cortès. La conduite des deux gouvernemens qui s’étaient associés à nous par la Convention de Londres, et qui n’ont pas hésité à faire appel à l’opinion publique, nous semble imposer au gouvernement français des devoirs égaux envers l’opinion. Tant que le gouvernement ne nous aura pas fait connaître le développement logique de sa politique, nous serons très embarrassés pour la juger. Rien ne nous est plus pénible, nous l’avons assez montré en maintes circonstances, que d’avoir à critiquer la politique du gouvernement de la France, quel qu’il soit, dans les questions extérieures, où sont