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Aux expéditions dans l’Afrique centrale, il convient de rattacher les courses de quelques aventureux chasseurs que leur ardeur entraîne parfois, au profit de la science, par-delà la limite des terres connues. Notre Levaillant, que la passion de cette vie vagabonde mena, à la poursuite des grands animaux, à travers des régions nouvelles, a eu de nombreux héritiers. On a autrefois mentionné les exploits du highlander Gordon Cumming, du Suédois Wahlberg, qui périt écrasé sous les pieds d’un éléphant. Leurs successeurs aujourd’hui s’appellent Green, Baldwin ; le plus aventureux de tous, le Suédois Charles Andersson, à qui l’on doit une relation de voyage dont nous avons parlé autrefois, a repris ses courses vagabondes au-delà du pays des Namaquas. Mêlant aux jouissances de la chasse la curiosité géographique, il s’en est allé à la recherche du fleuve Cunéné, dont on possède l’embouchure, mais sans connaître la direction de son cours. Les courses de l’explorateur suédois l’ont conduit près d’un autre fleuve qui ne figurait pas sur les cartes, l’Okavango bu Okavanajo. Ce cours d’eau paraît être navigable, et les bords en sont habités par des peuplades agricoles. À l’époque où le voyageur s’avança dans cette direction, le climat était insalubre ; mais il pense qu’on y pourrait pénétrer sans danger de juin à septembre. M. Green a visité les districts d’Odonga et d’Ovampo, au nord du fleuve Orange. De leur côté, deux missionnaires, MM. Hahn et Rath, se sont avancés du pays des Damaras dans la même direction. Ils ont vécu quelque temps au milieu des Bushmen, hommes des bois, cette branche des Hottentots dont on a signalé souvent la misère et l’abjection. Ceux que les voyageurs ont vus leur ont donné, bien que misérables, une moins mauvaise opinion de cette famille africaine. Les missionnaires ont suivi les cours de l’Omuramba et de l’Owampo. Le crocodile s’avance jusque dans ces cours d’eau, mais il y est à sa limite sud-ouest extrême. En juillet 1858, les voyageurs atteignirent les bords d’un lac formé par l’Omuramba, et qui n’a guère que 50 kilomètres de circonférence. On croit que c’est celui que M. Galton a déjà signalé sous le nom d’Etosa. Les tribus qui occupent les territoires situés entre l’Odonga et le Cunéné connaissent les armes à feu, et sont en relations avec les marchands portugais. Cette partie de l’Afrique est plus peuplée qu’on ne le pensait ; elle est fort riche. Les indigènes Ovampos exploitent dans leurs montagnes d’abondantes mines de cuivre, et leur sol est très fertile. Le cotonnier y croît à l’état sauvage, et la flore africaine s’enrichira de bien des notions neuves quand les végétaux inconnus et souvent étranges de ces contrées auront été classés.

Parmi les questions africaines, il en est une qui intéresse la France sous le double point de vue de la curiosité scientifique et de