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LA
PREMIERE AMBASSADE
DE FRANCE EN CHINE

M. DE LAGRENE ET L'EDIT DE 1844.

Il y a dix-neuf ans que M. Guizot conçut le projet d’envoyer une mission en Chine, et jeta les yeux pour la remplir sur M. de Lagrené. C’est au moment où une situation nouvelle semble commencer pour la Chine dans ses rapports avec l’Europe que la mort a enlevé le diplomate dont le nom se rattache aux premières tentatives faites par la France pour intervenir d’une manière sérieuse dans les affaires de l’extrême Orient. Quel a été le caractère, quelle a été la portée véritable de ces tentatives ? C’est ce que des difficultés plus récentes ont pu faire oublier, et ce qu’il est peut-être utile de bien établir, puisqu’une douloureuse occasion nous est offerte de rappeler l’attention publique sur les actes du premier ambassadeur français en Chine.

Le choix de la personne qui devait représenter notre pays auprès du Céleste-Empire n’était point indifférent ; il fallait un homme qui ne craignît pas de quitter les sentiers battus pour aborder l’inconnu. On ne se faisait pas alors une idée bien nette du rôle qui pouvait être dévolu à la France dans le nouvel état de choses auquel le traité de Nankin du 22 août 1842 entre les Anglais et les Chinois venait de donner naissance. Il n’était pas rare d’entendre soutenir que l’ambassade projetée n’amènerait aucun résultat, que nos intérêts