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LES MARINES
DE LA FRANCE ET DE L'ANGLETERRE
DEPUIS 1815

I.
LA MARINE A VOILES

Parmi les questions graves et délicates qui se sont agitées de tout temps entre la France et l’Angleterre, celle des forces navales qu’entretiennent les deux puissances est certainement une des plus difficiles et l’une des plus imparfaitement connues d’un côté comme de l’autre du détroit. Des circonstances accidentelles, des passions qui semblent presque ne pas pouvoir être éclairées, tout semble se réunir pour rendre moins accessible à l’immense majorité du public un sujet qu’elle trouve à bon droit très obscur. En Angleterre, les discussions mêmes du parlement, sans tenir compte de ce qui se débite dans la presse ou dans les meetings, nous offriraient pour chaque session des exemples mémorables de ce que j’avance. Toutefois ce serait presque peine perdue de s’y arrêter ; ce qui doit surtout nous intéresser, c’est l’état moral que ces discussions révèlent, et qui persiste malgré les démentis que les faits viennent si souvent leur donner. Ces débats et les hérésies qu’ils permettent de manifester ou qu’ils propagent ne sont que les symptômes d’une affection, mais ils ne sont pas l’affection même qu’il nous importerait de connaître,