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du cuivre, et après est venue celle du fer. Dans tous les cas, les exploitations réunies ont très probablement duré, sauf à faire la part de certaines interruptions inévitables, du Xe au IIIe siècle avant notre ère.

Les travaux entrepris par les Étrusques sur les mines du Campigliais frappent encore aujourd’hui d’étonnement le géologue comme le simple touriste. Les habitans de la localité, à qui la tradition, malgré la conquête romaine et l’invasion des Barbares, a transmis le souvenir des Étrusques, ont donné aux ruines de ces exploitations des noms significatifs, tels que le Poggio alle fessure. le Campo alle bucche, les Cento Camerelle, la Gran Cava, etc. Les ruines des usines métallurgiques où se traitaient les minerais existent également ; elles ont reçu en un point où ce travail s’est principalement développé le nom caractéristique de la Fucinaja ou la forge, la fonderie. On y rencontre des tas énormes de scories cuivreuses disposées le long d’un ravin ; au milieu de ces scories, on découvre quelques pierres réfractaires, un peu rougies par le feu, et qui servaient à la construction des fourneaux. On s’était placé sur ce point sans doute afin de profiter des courans d’air naturels pour souffler le foyer. Malgré les pluies qui entraînent au loin chaque année dès quantités assez considérables de scories, tous ces tas réunis cubent encore l’énorme volume de plus de cent cinquante mille hectolitres, correspondant à un poids de trente millions de kilogrammes de scories et à autant de minerai traité. Je parle d’ailleurs de la partis des tas qui est visible, car l’on ne peut juger que par approximation de la véritable hauteur de ces monticules, dont quelques-uns sont enfoncés dans le sol. Quoi qu’il en soit, en ce seul point, le travail de fusion des Étrusques aura duré certainement plusieurs siècles. Dans une autre vallée, dépendant du village de Gherardesca, on trouve une accumulation de scories cuivreuses et plombifères presque aussi considérable que celle de la Fucinaja.

À mesure que le minerai, extrait de la mine, arrivait au jour, on le transportait à l’usine et on le jetait dans le fourneau. Il en sortait à l’état d’airain, dont la composition variable se rapprochait tantôt de notre cuivre rouge’, tantôt du cuivre jaune ou laiton, tantôt enfin, mais plus rarement, du bronze. On envoyait alors le métal à l’atelier de moulage. Là on devait généralement le raffiner et le refondre avec l’étain pour fabriquer le bronze, qui n’est qu’un alliage de cuivre et d’étain. Ce dernier métal n’existant nulle part en Toscane, les Tyrrhéniens devaient le recevoir des Phéniciens et des Carthaginois, qui allaient le chercher aux Cassitérides ; Une fois le bronze obtenu et moulé, les ouvriers achevaient de lui donner, par le marteau ou sur le tour, ces mille formes élégantes que les Étrusques, et