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général de Goyon revient en France, et M. de Lavalette retournera dans peu de jours à Rome. La présence de notre escadre à Naples s’associant au voyage triomphal du roi Victor-Emmanuel est un témoignage public dont la signification ne saurait être contestée. Maintenant, sur la foi de ces prémisses, faut-il croire que notre gouvernement va sur-le-champ aborder la question romaine et soumettre au pape un plan dont la conclusion serait notre prochaine sortie de Rome? Nous n’oserions l’affirmer. Nous croyons que notre gouvernement a encore besoin d’être doucement pressé par l’opinion publique pour prendre le parti définitif vers lequel il tend manifestement. On dirait qu’il répugne à cueillir le fruit sur l’arbre et préfère le laisser tomber naturellement : nous ne comprenons pas trop les avantages d’une telle conduite, qui, après tout, ne diminue aucune de ses difficultés et n’ôte rien à ses responsabilités; mais, puisqu’il en est ainsi, il semble que l’opinion libérale en France, en Angleterre, en Italie, a bien peu de chose à faire pour que ce malheureux pouvoir temporel se détache de l’arbre antique de la papauté.

La question italienne vient d’être discutée dans le sénat belge. Au commencement de la session, au mois de novembre, la minorité de la chambre des représentans reprocha vivement au gouvernement belge d’avoir reconnu le royaume d’Italie. Le débat eut lieu dans la discussion de l’adresse. Le sénat, qui dans sa réponse s’était borné à paraphraser le discours du trône, n’avait encore exprimé aucune opinion sur cet acte du gouvernement. Il a réparé cette omission dans la discussion du budget des affaires étrangères. Un des hommes politiques les plus distingués de la Belgique, M. Jules Malou, qui, après avoir été longtemps un des chefs du parti catholique dans la chambre des représentans, remplit au sénat un poste analogue, a soulevé la question en proposant une réduction sur les appointemens de M. Solvyns, ministre de Belgique auprès du roi d’Italie. La controverse italienne est trop vieille pour que de part et d’autre tous les argumens n’aient pas été épuisés. Il est donc inutile de reproduire les idées qui ont été développées et par les organes du parti catholique et par le ministère et les membres du parti libéral. L’opposition était dans la chambre haute assez nombreuse pour que M. Ch. Rogier ait cru devoir poser nettement la question de cabinet. Le ministère a gagné le vote. L’amendement de M. Malou a été rejeté par 28 voix contre 21. On comprend du reste qu’un tel débat ne pouvait être en ce moment la préoccupation principale de la Belgique. La maladie du roi Léopold était un incident bien autrement grave pour les intérêts de ce pays. On peut dire que le danger qui a menacé la vie du roi des Belges a causé en Europe une émotion générale, et que les nouvelles plus favorables qui ont fait espérer le prochain rétablissement de la santé de ce prince ont été reçues avec une satisfaction unanime. Un membre de la chambre des représentans, M. Barthélémy Dumortier, avait cru devoir demander, à cause de la maladie du roi, l’ajournement de plu-