concert, c’est la cinquante et unième symphonie d’Haydn, dont l’andante est un morceau ravissant de jeunesse et de bonhomie divine. La scène et bénédiction des drapeaux du Siège de Corinthe, de Rossini, est une page grandiose de musique dramatique, mais la Société des Concerts en abuse ; c’est de la musique de théâtre s’il en fut jamais, et qui ne peut que perdre à être exécutée dans une petite salle sans le commentaire de l’action. Le concerto en ré majeur, de Beethoven, pour violon et accompagnement d’orchestre, répond mieux aux exigences d’une institution consacrée principalement à la musique symphonique. Cette grande et belle composition, d’une difficulté énorme, fut exécutée pour la première fois à Vienne, en 1806 et 1807, par le chef d’orchestre François Clément. Le style de M. Maurin, chargé de l’exécuter à Paris, n’est peut-être pas assez large ni assez vigoureux pour rendre tous les effets de ce concerto, qui a les proportions d’une symphonie, et que le violoniste allemand Joachim, qui brille à la cour de Hanovre, exécute, assure-t-on, d’une manière admirable. Après les deux concerts spirituels qui ont eu lieu le vendredi saint et le dimanche de Pâques, la Société a donné le 27 avril son huitième et dernier concert où l’on a exécuté la symphonie pastorale, qu’on n’avait pas entendue de l’année. Ce vaste et harmonieux poème de la nature, où la musique pittoresque a atteint sa perfection idéale, a été interprété par l’orchestre du Conservatoire avec une perfection qu’aucun orchestre du monde ne pourrait égaler. Une charmante et délicieuse fantaisie de Beethoven pour piano, orchestre et chant, a produit sur le public du Conservatoire un effet d’enchantement. C’est M. Saint-Saëns qui a exécuté la partie de piano avec plus de fermeté et de précision que de délicatesse ; M. Saint-Saëns a le son sec et l’allure prétentieuse. M. Stockhausen, un chanteur comme il y en a peu, a dit ensuite avec sa belle voix de basse élevée un air de Jules César, opéra de Handel, où il a fait admirer son goût, sa méthode et la souplesse de son organe.
Comme on vient de le voir, l’année a été bonne pour la Société des Concerts, qui a soutenu dignement le haut rang qu’elle occupe dans l’opinion de l’Europe ; il est cependant à désirer que ses programmes s’enrichissent d’œuvres nouvelles et qu’elle soit moins timorée vis-à-vis de l’inconnu. Il appartient à la Société des Concerts, dont les belles séances ont fait l’éducation musicale d’une minorité distinguée du public français, de ne point se laisser dépasser par l’initiative hardie des enfans qu’elle a élevés et qu’elle a produits. Le comité qui a la mission de former le répertoire de la Société des Concerts n’a pas toujours un goût bien sévère, et il fait souvent trop de concessions à la banalité et au succès facile. Ni le chœur de Pharamond de Boïeldieu, qu’on a chanté deux fois cette année, ni le solo de flûte de M. Altès, ni le petit chœur de Castor et Pollux de Rameau, pas plus que le chœur à la Palestrina de Leisring, ne sont des choses qui méritent de figurer aussi souvent sur les programmes de la Société. Le chant est toujours misérable, et il semble vraiment que ces messieurs du comité choisissent exprès les virtuoses et les voix les plus médiocres pour faire mieux ressortir la perfection de l’orchestre. Cela n’est pas nécessaire ; mais ce qui est urgent pour la Société des Concerts, qui est à la tête des institutions