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finances ont le droit de faire entendre, et nous dirons avec vous, messieurs, comme avec le pays : Certaines expéditions doivent rester de nobles exceptions… Il faut, pour compléter l’examen sérieux auquel, nous en sommes convaincus, le gouvernement ne manque jamais de se livrer, qu’il mesure de plus en plus rigoureusement l’effort au but proposé et le sacrifice à l’avantage final… La guerre, les expéditions lointaines, telles sont les grandes causes des découverts actuels. Les renouveler serait la négation de la réforme financière… Que le passé pèse de tout son poids dans les résolutions de l’avenir, et que les conséquences connues servent désormais de contrepartie même aux susceptibilités généreuses et aux séduisantes perspectives ! » La commission, par l’organe de celui de ses membres, M. O’Quin, qui a présenté le rapport sur les crédits supplémentaires de 1862, a fait l’application immédiate de ces principes à l’expédition du Mexique.

La commission a entendu sur l’affaire du Mexique l’un des ministres sans portefeuille, M. Rillault ; elle était surtout curieuse de connaître la durée probable de l’expédition et les charges qu’elle fera peser sur nos budgets. La commission a compris que le gouvernement regardait l’effectif actuel comme suffisant pour atteindre le but poursuivi par la France ; elle conserve l’espoir (c’est bien plutôt un vœu qu’elle forme) que l’année actuelle verra se terminer cette entreprise, et elle constate d’ailleurs qu’aucun crédit n’est demandé pour l’expédition au budget de 1863. Prenons acte de ces espérances, de ces souhaits. La petite démonstration de la commission des finances sur ce point sera sans doute confirmée par une manifestation plus vigoureuse de l’opinion de la chambre dans la discussion publique du budget. C’est beaucoup, si une occasion est fournie au gouvernement d’exprimer nettement sa pensée sur les limites qu’il met lui-même à l’entreprise du Mexique. Si en effet il ne cherche que le redressement de nos griefs matériels, nous n’aurons plus à seconder les projets des émigrés mexicains et la construction d’une monarchie sur cette terre républicaine. Un simple succès militaire mettrait notre honneur a couvert, il suffirait sans doute pour nous permettre de traiter avec le gouvernement, quel qu’il soit, du Mexique, et d’en obtenir les satisfactions que nous poursuivons : mais, quelque bornée que doive être notre expédition, nous croyons que l’on doit exciter le gouvernement à ne point épargner les renforts à notre corps expéditionnaire. Nous n’ajoutons aucune foi à la dépêche télégraphique américaine qui annonçait un échec subi par nos troupes ; cependant les dernières nouvelles arrivées de la Vera-Cruz montrent que notre petite armée est trop peu nombreuse et trop peu soutenue par les sympathies qu’on lui promettait dans les populations pour pouvoir garder sa ligne de communication avec sa base. On devait s’y attendre dès que la frasque du général Prim a été connue. Excellent général ! décidément son rêve de Vichy n’est point pour la France un bon rêve.

La grande question des économies financières obtenues par la réduction