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d’importantes questions, jamais non plus commission du budget n’a fait davantage acte d’autorité. Nous croyons, les choses étant ce qu’elles sont, que la commission du budget a rempli sa tâche d’une façon digne d’éloges. La commission est entrée avec intelligence dans l’économie nouvelle que M. Fould a donnée au budget. La pensée du ministre des finances était, comme on sait, de mettre en jeu la responsabilité du corps législatif. Une fois le principe établi qu’on ne pourvoirait pas aux excédans de dépense avec la commode ressource des emprunts, l’équilibre financier ne pouvait être obtenu que par des aggravations ou des créations de taxes, ou par des réductions de dépenses. M. Fould offrait cette alternative au corps législatif et lui laissait le choix. C’est dans ces conditions que la commission abordait l’examen du budget, et c’est ainsi qu’elle a été amenée à montrer une initiative à laquelle on n’était plus accoutumé. Parmi les aggravations de taxes qui lui étaient offertes, il en est quatre que la commission a trouvées unpalatables, comme disent les Anglais. Elle n’a voulu ni de l’augmentation du droit sur le sel, ni des mesures destinées à forcer la sincérité des déclarations et à augmenter le produit des droits de mutation, ni de l’accroissement des droits de timbre, ni du timbre des factures. Puisqu’on repoussait ces impôts, qui devaient fournir une ressource de plus de 70 millions, il fallait d’abord recourir aux réductions de dépenses. On a épluché le budget à ce point de vue, et l’on a fait rendre au monstre, en diverses rognures, une trentaine de millions ; l’on a sauvé aussi 4 ou 5 millions en s’opposant, par un sentiment de véritable dignité démocratique, à l’idée par trop patricienne ou césarienne de rayer des rôles les petites cotes, et de rejeter ainsi dans la plèbe plus d’un million de citoyens. Malgré tout cependant, il restait à balancer un item d’une quarantaine de millions. La commission s’est résignée à demander cette somme au second décime de guerre, qui avait été supprimé en 1857, mais qui, par cette résurrection, paraît acquérir les mêmes titres que son aîné à l’immortalité. On le voit, c’est la commission du corps législatif qui a fait le budget, et M. Fould, en fin de compte, n’a point à s’en plaindre.

Toutes les questions politiques sont attachées au budget par la chaîne d’or ; mais une commission du budget est une réunion de personnes trop sages pour s’échapper en ces périlleux corollaires que la politique tire dès questions financières. L’on doit savoir gré du moins aux trois rapporteurs de n’avoir pas éludé la question politique qui naissait naturellement de la réforme tentée par M. Fould, question qui trouvait une application si opportune dans notre expédition du Mexique. Les trois rapporteurs se sont expliqués avec une remarquable unanimité sur les charges que les expéditions lointaines de ces derniers temps ont imposées à la France et sur la nécessité de mettre un terme à cet entraînement. L’élégant rapport de M. Alfred le Roux contient notamment sur ce point des choses excellentes et fort bien dites, a Notre devoir est de donner à la politique les conseils que les