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LA REVOLUTION
ET
L’ESPRIT DE LIBERTE

I. Histoire de la Révolution française, par M. Louis Blanc, tome XI, 1861. — II. Joseph Lebon, par son fils E. Lebon, 1 vol. in-8o, 1861. — III. Danton, documens authentiques, par M. A. Bougeart, 1 vol. in-8o, Bruxelles 1861.

Chaque jour on répète autour de nous ce mot sacramentel : la révolution, comme s’il était le symbole de la liberté et l’immuable formule du progrès. Quelles que soient les questions qui se débattent au dehors ou au dedans, c’est aux souvenirs de la révolution que les partis font appel pour dessiner leur attitude et résumer leurs intentions. Les situations ont beau changer, les hommes ont beau se grouper provisoirement autour de certains noms ou de certains systèmes : sous cette répartition accidentelle des combattans, on voit sans cesse reparaître deux grands camps qui ne changent pas, et qui se désignent volontiers eux-mêmes comme les amis et les ennemis de la révolution. Les uns se prononcent contre elle, parce qu’ils regrettent ce qu’elle a détruit; les autres, et ce sont presque tous ceux qui ne veulent plus du passé, se déclarent sans distinction pour elle : ils en invoquent les traditions, ils font d’elle leur cri de guerre et leur programme, comme s’il n’y avait pas d’autre alternative que de soutenir l’ancien régime ou d’accepter la révolution entière, d’adopter l’esprit qui l’animait, parce que l’on adopte l’œuvre de déblaiement qu’elle a accomplie. Ainsi que ces guerriers