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d’organiser des hôpitaux, des magasins, des dépôts. A partir de là, en s’avançant dans l’intérieur, on rencontre de vastes propriétés, munies d’une grande habitation ou hacienda, où au besoin il serait facile de se fortifier. La plupart des haciendas ont de grands troupeaux de bœufs qui vivent en plein air, et que les habitans s’empresseront de vendre, si on les paie bien. Le pays produit d’excellens haricots, connus sous le nom de frijoles aliment substantiel et agréable. Les oranges y sont très communes. Quant au blé, il ne se rencontre en grande quantité que sur le plateau. Si la troupe ne s’accommodait pas du maïs, qui fait le fond de la subsistance des Mexicains, et qu’on dût lui donner du pain semblable à celui qu’elle mange en France, il faudrait faire venir de la farine de New-York, puisque la Nouvelle-Orléans est fermée par le blocus, ou encore du marché de La Havane, qui est bien approvisionné. Pour le service des transports, qui importe essentiellement à la réussite des opérations militaires, il est vraisemblable qu’avec de l’argent on se fournira amplement de chevaux et de mules. Les mulets abondent au Mexique, c’est sur leur dos que chemine la majeure partie des marchandises.

Un des articles qui sont le plus indispensables à la guerre, le bois pour cuire le repas du soldat et passer les nuits au bivac, se présente abondamment jusqu’à ce qu’on arrive au plateau. Ce sont d’abord les arbres des tropiques, puis, dans la région tempérée, au milieu de beaucoup d’autres essences, le chêne, dont l’apparition rassure le voyageur qui songe à la fièvre jaune, car tant qu’on l’aperçoit, c’est qu’on est dans la région exempte des germes du mal. Plus haut se montrent des forêts de pins. Sur le plateau même, le bois devient assez rare, particulièrement lorsqu’on a pris la vieille route qui traverse Xalapa; mais dans cette direction il y en a bien assez pour les besoins d’une armée qui n’est pas très nombreuse, et qui ne fait que traverser.

L’eau de bonne qualité est plus indispensable encore à la troupe. Sur ce point, une partie du plateau laisse à désirer, notamment celle qui s’étend de Perote à la Puebla, le long de la route de Mexico par Xalapa. Non-seulement les sources y sont clair-semées, mais la salure du sol, signalée plus haut, rend fréquemment les eaux désagréables au goût et impropres à la boisson. Cet inconvénient est plus marqué dans la saison sèche, pendant laquelle se fait et a dû se faire l’expédition; mais par la route d’Orizaba il paraît être peu sensible. L’administration de la guerre, qui dans nos dernières campagnes a déployé une sollicitude fort intelligente pour la santé du soldat, a pris ses précautions contre la mauvaise qualité des eaux. Le corps expéditionnaire aura la ration de café. En outre on a eu soin de faire arriver à la Vera-Cruz un approvisionnement de