Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/906

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut lire les preuves multipliées dans le bel ouvrage de M. Prescott[1], ou encore dans quelques-uns des volumes de l’intéressante collection de documens américains de M. Ternaux-Compans, notamment dans celui qui contient le récit de la conquête écrit par le petit-fils d’un noble indien qui y avait été acteur, le prince Ixtlilxochitl[2]. Les Indiens du Mexique offrent la ressource qu’on attend des nègres, et qui, après avoir été la cause de leur asservissement par les Européens au XVIe siècle, est mise en avant encore quand on veut motiver la perpétuité de leur servitude : c’est leur aptitude à cultiver la terre dans les pays très chauds, tels que ceux où sont établies les colonies à sucre. Plusieurs des variétés de l’Indien mexicain sont douées de la vertu de résister parfaitement à l’ardeur du soleil. C’est ainsi qu’avant la conquête du Mexique par Fernand Cortez, la région aujourd’hui connue sous le nom de Terre-Chaude était habitée plus que de nos jours, et présentait les caractères d’une prospérité relative. Postérieurement à la conquête, la culture de la canne à sucre et le travail des sucreries, qui dans les Antilles sont considérés comme les labeurs les plus pénibles, se sont toujours faits principalement par la main des Indiens, et accessoirement par les bras des nègres introduits comme esclaves.

Les blancs ne font guère que le sixième ou le septième de la population, et encore parmi les personnes qui se donnent et sont acceptées comme appartenant à la race blanche sans mélange, un bon nombre ont dans les veines une certaine portion de sang indien, ne fût-ce que parce qu’après la conquête les veuves et les filles des nobles aztèques devinrent les épouses légitimes des compagnons de Cortez ou des Espagnols qui arrivèrent immédiatement après. Elles leur apportaient la richesse et trouvaient en eux des protecteurs.

Il y avait aussi depuis longtemps dans les environs du port d’Acapulco, où arrivait et d’où partait le galion des Philippines et de la Chine, quelques sang-mêlé provenant du croisement des races asiatiques avec la population du pays. C’est une catégorie d’habitans qui pourrait se multiplier indéfiniment par l’immigration des Chinois, qui de nos jours s’échappent dans toutes les directions qu’ils voient

  1. History of the Conquest of Mexico. M. Amédée Pichot en a donné une bonne traduction française.
  2. Cruautés horribles commises par les conquérans du Mexique et par les Indiens qui les aidèrent à soumettre cet empire à la couronne d’Espagne. Mémoire de don Fernando Alva Ixtlilxochitl (écrit vers 1600). Supplément à l’histoire du père Sahagun, publié et dédié au gouvernement suprême de la confédération mexicaine par Charles-Marie de Bustamente. Mexico 1829.