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un volcan nouveau, celui de Jorullo, aujourd’hui encore enflammé, autour duquel apparurent en même temps une infinité de petits cônes qui n’ont pas cessé de fumer[1]. Aucune des cités du Mexique n’a éprouvé de ces tremblemens de terre qui ont désolé et quelquefois renversé Guatemala, Lima, Caracas et d’autres centres de population de l’Amérique centrale ou de l’Amérique du Sud. Sous quelques-unes d’entre elles, assez fréquemment le sol remue, Mexico même est dans ce cas; mais ce sont des tremblemens si faibles qu’ils n’inquiètent pas les habitans. Ils n’empêchent pas de bâtir des maisons à plusieurs étages; ils obligent seulement de donner aux murs une solide assiette et de s’abstenir de l’architecture élancée. Le bel édifice de la Mineria de Mexico, qu’on avait cherché à rendre élégant en y introduisant des colonnes légères, a bientôt menacé ruine. Les encoignures des maisons de Mexico ne sont pas toujours parfaitement d’aplomb, et une petite inclinaison par rapport à la verticale dans les arêtes des édifices frappe quelquefois le regard au croisement des rues; mais c’est à ces perturbations que s’arrêtent les effets des agitations du sol. On ne saurait s’en tirer à meilleur marché.

Le côté faible du Mexique, ce sont les cours d’eau. Il en est fort mal pourvu. Ceux qu’on y voit sont des torrens qui, pendant la belle saison, répondant, de même que dans les Antilles, à notre hiver, sont presque tous à sec. Le Rio-Bravo-del-Norte, autrefois en plein dans le pays, est à la frontière depuis que les États-Unis se sont emparés du Texas. Au midi, le Guasacoalco, fleuve navigable, dont l’embouchure pourrait devenir un bon port, n’est pas davantage à la portée des provinces populeuses. Il paraît certain néanmoins que dans les temps primitifs, je veux dire à l’époque de la conquête, ses bords étaient couverts d’habitans. Le Santiago ou Tololotlan, qui débouche dans l’Océan-Pacifique, près du port de San-Blas, rencontre des villes et baigne de grands espaces cultivés ; mais il est presque une exception solitaire dans la région peuplée, au moins par l’étendue de son cours. Heureusement, pendant la saison des pluies, qui dure quatre mois de notre été, chaque jour la terre mexicaine est abondamment arrosée dans l’après-midi, et alors s’emplissent non-seulement les réservoirs naturels qui alimentent les sources, mais aussi les bassins disposés par la prévoyance des hommes pour assurer des approvisionnemens à l’agriculture. Sur le plateau, les ruisseaux et même les sources sont assez rares. C’est le même phénomène qui se rencontre dans un certain nombre

  1. Dans la province de Valladolid, à côté de belles plantations de sucre et de coton, auprès de nombreux villages peuplés d’Indiens. Ou aura une idée des proportions que prit l’éruption et des caractères qu’elle présenta par ce simple détail, que les toits de la ville de Queretaro, éloignée de plus de 200 kilomètres, furent couverts de cendres.