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de la Bavière, n’ont pas ce qu’a le plateau mexicain, la mer presque immédiatement à leur pied, que dis-je, la mer? les deux grands océans. Et puis ce n’est pas en Europe qu’en descendant des plateaux vers la mer l’on peut rencontrer cette succession admirable de tous les climats et de toutes les merveilles du règne végétal. Dans l’Amérique méridionale, le vaste territoire de l’ancienne république de Colombie, aujourd’hui fractionnée en trois, dont le contour du côté de la mer se présente sous la forme générale d’un grand demi-cercle sur lequel vient se souder l’isthme de Panama, offre, comme le Mexique, ce caractère d’un territoire compris entre les tropiques et descendant par gradins d’une grande altitude jusqu’à la mer, qui là aussi est l’un et l’autre Océan; mais l’élévation des plaines y est plus grande que sur la majeure partie du plateau mexicain, et elle y est trop grande. La ville de Santa-Fé-de-Bogota est assise sur un plateau à 2,625 mètres de hauteur. Caxamarca, l’ancienne résidence des Incas, qu’ont rendue célèbre les trésors attribués à Atahuallpa et la catastrophe de ce prince, est à 2,860 mètres. Les grandes plaines d’Antisana sont plus exhaussées encore : elles se tiennent à 4,100 mètres, dépassant ainsi de 389 mètres la cime du pic de Ténériffe. Portée à la hauteur de Santa-Fé seulement, l’altitude devient un désavantage, elle détermine un abaissement marqué de la température; paralysant ainsi la puissance de la végétation, elle empêche l’établissement d’une agriculture qui soit bien féconde, et par là même elle devient un obstacle à la marche ascendante de la richesse publique et privée et au progrès de la civilisation. Sur le plateau mexicain, on observe que, passé 2,500 ou 2,600 mètres, le sol cesse de recevoir pendant l’été la quantité de chaleur qui est nécessaire pour amener à maturité beaucoup de productions que l’homme civilisé recherche pour sa subsistance ou pour son agrément. La température moyenne de l’année reste encore supérieure à celle des pays de l’Europe où l’agriculture et le jardinage sont le plus florissans; mais en fait de calorique la température moyenne n’est pas la seule circonstance qui fait la réussite ou l’insuccès des cultures et fixe le système agricole qui convient à une contrée. Il faut aussi tenir en grande considération la température estivale, car c’est celle qui provoque le développement de la floraison, celle qui mûrit les moissons et les fruits, celle par conséquent qui fait la fortune du cultivateur. Lorsqu’on a dépassé une certaine altitude, un pays situé dans la zone comprise entre les deux tropiques a, par rapport à la production de la plupart des plantes les plus utiles, une infériorité marquée relativement aux régions plus éloignées de l’équateur qui auraient la même température moyenne annuelle. Entre les tropiques, sur le plateau de