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LES
FEMMES DANS LA SOCIÉTÉ
ET DANS LA LITTÉRATURE


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Mme DE SÉVIGNÉ, Mme DE STAËL, Mme SWETCHINE.


I. Les Grands Écrivains de la France. — Madame de Sévigné, nouvelle édition, tomes I et II, chez Hachette. — II. Coppet et Weimar, Madame de Staël et la grande-duchesse Louise, par l’auteur des Souvenirs de Madame Récamier, 1 volume, chez Michel Lévy. — III. Lettres de Madame Swetchine, publiées par M. de Falloux, 2 vol., chez Didier.


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Un des plus curieux et des plus piquans chapitres de l’histoire du monde serait celui qui retracerait dans sa grâce et dans ses métamorphoses la puissance souveraine des femmes. Les hommes ont cru se réserver un domaine privilégié, celui de l’action. En réalité, les femmes ne sont étrangères à rien de ce qui s’agite, ni à la politique, ni à la religion, ni aux arts, ni à la littérature, et dans la vie sociale elles sont reines. Elles règnent et même elles gouvernent. Leur empire commence là où la passion vient se mêler aux affaires humaines, et il finit là où la passion cesse d’être le tout-puissant mobile : il est sans limites connues, comme la vie. Ce n’est point sans doute que les femmes aient une action directe et permanente dans les événemens, dans les guerres et les révolutions ; ce n’est point leur rôle, ou, si elles sont entraînées dans la mêlée, elles n’y apparaissent que par exception, par accident, par éclair. Elles font mieux, elles règnent dans ce milieu où les événemens se préparent, où se forment les opinions et où se nouent tous les fils de l’intrigue humaine, drame ou comédie. Elles ne font pas les lois, il est vrai,