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LE
HAUT-NIL ET LE SOUDAN

SOUVENIRS DE VOYAGE


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II.

LA VIE EUROPÉENNE ET LA TRAITE.


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Les causes des souffrances qui pèsent depuis quelques années sur les populations soudaniennes ont été indiquées dans une précédente étude[1]. On a vu se dessiner déjà deux périodes dans cette douloureuse histoire. Avant que les armées égyptiennes fassent la conquête de ces pays, on assiste au développement libre et varié, parfois tumultueux, de l’énergie et des aptitudes spéciales de chaque race. Vient la conquête, et l’ordre matériel se crée par l’effacement de toute tradition d’indépendance, l’égalité s’établit sous une oppression commune. Vers 1856 enfin commence une phase nouvelle qu’il nous reste à raconter, et qui ne semble malheureusement pas toucher à son terme. Le caractère principal de cette situation, qui menace de se prolonger, c’est un énorme développement commercial qui a son foyer dans la ville de Khartoum, où tend à se concentrer désormais la vie européenne au Soudan. Avant d’aborder le récit des faits qui caractérisent si tristement ces dernières années, il importe donc de se placer dans cette ville même et au milieu des hommes audacieux qui n’entretiennent la vie commerciale sur les bords du Nil qu’au prix de la liberté des populations soudaniennes.

  1. Voyez la Revue du 1er mars.