Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/586

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui sont indispensables[1]. Ajoutons que la quantité de phosphates absorbés doit être d’autant plus considérable que l’animal est plus jeune[2], — que les transitions d’un régime à un autre doivent toujours être graduées, — que les alimens aqueux doivent être consommés avant qu’on ne fasse boire, — que les repas doivent commencer par des élémens de qualité moindre, et se terminer, après les morceaux friands pourrions-nous dire, par la paille, qui sert à l’anima! à satisfaire son appétit, si celui-ci est encore véritablement excité. C’est de l’observation de ces règles très simples que dépend partout le bon entretien du bétail. Bien nourrir coûte quelque chose, nous l’avouons volontiers; mais mal nourrir coûte plus encore, puisque cette triste économie aboutit à l’insuccès et à la ruine.

On n’est pas entièrement d’accord sur l’utilité de certains artifices à l’aide desquels la nourriture du bétail serait parfois rendue plus appétissante ou plus profitable. Parmi ces procédés figure la coction : celle-ci, quand la ferme ne dispose pas d’une machine à vapeur affectée en même temps à un autre service, consomme des combustibles dont l’emploi coûte cher; d’ailleurs les soupes et les alimens chauds ne conviennent réellement bien qu’aux bêtes à l’engrais. Aussi cette méthode est-elle rarement adoptée. Quelques savans et quelques agriculteurs ont dernièrement affirmé qu’un mélange de pailles et de fourrages hachés avec des grains mécaniquement aplatis devait procurer dans l’entretien des animaux une économie réelle. D’autres ont prétendu que ce procédé devait donner au contraire une regrettable augmentation de main-d’œuvre et une moins bonne nourriture. Il nous paraît sage d’emprunter aux allégations des parties adverses ce qu’elles ont d’exact et de repousser ce qu’elles ont de trop absolu. La vérité est que l’on parvient quelquefois ainsi à faire manger par les animaux, sans autant de gaspillage, tout ce qu’on leur présente; mais ce mode d’alimentation les excite à boire davantage, et il en résulte pour les chevaux dont les allures doivent rester rapides une mollesse fâcheuse. Telle a été la cause pour laquelle la compagnie des petites voitures de Paris a dû finir par renoncer à ce système. Et puis n’est-il pas un peu à craindre que, les grains écrasés occupant plus de volume que les grains entiers, on ne s’en rapporte trop aux apparences, et qu’en somme on ne serve aux bêtes une ration de grains moins forte? Les choses étant ramenées, comme il est juste, à un

  1. Les 3 kilogrammes de nourriture donnés à chaque 100 kilog. de chair vivante doivent contenir environ 30 grammes d’azote, 100 grammes de corps gras et 11 grammes d’acide phosphorique.
  2. Parce qu’alors il en a un besoin plus impérieux pour construire sa charpente osseuse.