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régulièrement enfin quant aux qualités, pour que celles-ci restent bien conformes aux besoins particuliers de chaque bête. On adresse à ce sujet des tables comparatives de la valeur nutritive des divers alimens que peuvent consommer nos animaux domestiques. Pailles, grains, racines, fourrages et débris de diverses sortes, tout a passé par l’alambic, le creuset et la balance; tout a été scrupuleusement analysé, pesé et classé. Certes ces tableaux ont quelque importance; mais il ne faudrait pas en accepter les chiffres comme étant toujours d’une vérité aussi absolue que l’on serait tenté de le croire. La nature du terrain où les végétaux ont été cultivés, le degré de maturité, l’état de conservation, le mode de préparation qui leur est appliqué, sont autant de causes qui modifient la valeur nutritive des mêmes espèces, et c’est ce que prouvent surabondamment, en dehors de la pratique, les différences qui existent entre les appréciations des divers auteurs.

Dans tous ces tableaux comparatifs, le foin a été pris pour type. L’herbe des prairies naturelles, qui se composent, comme chacun le sait, d’une foule de plantes différentes, est en effet la nourriture normale de nos animaux domestiques. Les pailles des céréales et les fourrages secs que produisent nos prairies artificielles augmentent presque partout dans une mesure considérable la masse de provisions dont le cultivateur dispose pour son bétail. Que de progrès cependant restent encore à faire, et que de ressources utiles sont encore perdues! En général, il faut le reconnaître, on commence à mieux utiliser la plupart des résidus végétaux que produisent certaines industries, quoique tous les herbivores n’acceptent pas indistinctement ces divers résidus[1]; mais ce qui maintenant manque peut-être davantage à beaucoup de provinces, c’est la culture sur une plus large échelle des racines fourragères. Les racines aident à corriger l’alimentation trop sèche de l’hiver, et, soit servies directement aux bêtes, soit d’abord épuisées des élémens commerciaux qu’elles renferment, elles permettent de compter sur une énorme quantité de nourriture.

Pour bien satisfaire à tous les besoins du bétail, il faut lui composer ses repas de telle sorte que, sous un volume à peu près constant, mais avec des élémens variables, on obtienne une ration dont la richesse soit tout à la fois relative et proportionnelle aux services qu’on en veut obtenir. L’analyse chimique et la science vétérinaire disent comment, par diver.es combinaisons que le prix des choses fait modifier selon les circonstances, on peut assurer à une bête la quantité d’azote, de corps gras, de phosphates et d’autres sels qui

  1. C’est ainsi que les tourteaux qui proviennent des huileries sont, quand on a employé la faine, dangereux pour les chevaux, et quand on a employé le chènevis, mauvais pour toutes nos bêtes domestiques.