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riés et marcs sans valeur, tout ce que refuseraient ou utiliseraient mal nos autres bêtes domestiques, on peut le présenter au porc. Ce vorace animal en acceptera une grande partie; il transformera en chair précieuse ce qui ne paraissait bon que pour le fumier, et il pourra jusque dans les plus humbles chaumières servir ainsi à améliorer la nourriture de nos populations.

On voit quel genre d’industrie, suivant les ressources dont on dispose, mérite la préférence. Là cependant ne se bornent point les questions que soulèvent en agriculture les animaux domestiques. Il faut rappeler quelles règles président à leur reproduction, à leur entretien, et, pour les bêtes dont l’abattoir est la station dernière, à leur engraissement.


II. — REPRODUCTION DES ANIMAUX.

Quoiqu’il n’en coûte pas plus pour planter et pour tailler un bon arbre qu’un mauvais, combien les bons fruits sont rares néanmoins dans les vergers de nos paysans ! On prend une greffe sur le pied que l’on possède déjà, on la pose sur un sujet venu tant bien que mal ou arraché sans soin dans la forêt voisine. Les fruits obtenus sont âpres et chétifs. N’importe, on y est habitué, et à tort l’on s’en contente. De même agit-on trop souvent avec le bétail, dont la reproduction reste dans bien des cas subordonnée au pur caprice de la fantaisie ou aux paresseuses habitudes de la routine.

Il n’est pas toujours indispensable, nous en convenons, de faire naître chez soi le bétail dont on veut s’occuper. Dans certaines circonstances au contraire, l’intérêt bien entendu des cultivateurs leur conseille d’opérer sur des animaux qui, nés ailleurs, ont déjà passé par plusieurs mains. Il importe cependant à tout le monde de bien connaître, pour les appliquer à l’occasion, les règles que précise l’expérience relativement à la multiplication de nos espèces domestiques. En effet, si la valeur des animaux dépend beaucoup des soins qu’ils ont reçus pendant leur jeunesse, une grande partie de leurs mérites provient aussi des parens dont ils descendent. Avec des accouplemens faits au hasard entre parens trop disproportionnés ou trop disparates, on s’expose à voir naître des bêtes décousues, c’est-à-dire sans harmonie dans les formes; avec des parens affectés, l’un et l’autre du même défaut, on consolide dans leur descendance le vice dont on se plaint chez eux-mêmes. L’importance du reproducteur, dont le choix doit être fait en vue de combattre obstinément par des qualités contraires les défauts que l’on redoute, ne saurait donc être douteuse. Elle est si grande que certains pays voisins, la Belgique pour ses chevaux, la Suisse pour ses taureaux, exercent sur les étalons une surveillance stricte, qui pourrait nous sembler vexa-